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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/152

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commettre, on ne peut s’empêcher de trouver dans celui dont il s’agit une plénitude qui n’est pas dans l’autre, quelque abominable qu’il soit, si on veut substituer le raisonnement sur celui-ci au trouble et au soulèvement des sens qui est un effet naturel de l’impression de l’autre. Cet autre, qui ne peut être trop exagéré (et que Dieu confonde quiconque oseroit le vouloir exténuer le moins du monde), doit néanmoins, sans tomber dans cette folie, être examiné tel qu’il est pour en faire une juste comparaison avec celui dont l’invention est due à la perversité et au désordre de nos temps, en l’examinant de même. Dans l’un il s’agit de la vie de l’oint du Seigneur ; mais quelque horrible que soit ce crime, il n’attente que sur la vie d’un seul. L’autre joint à la fois la subversion des lois les plus saintes, et qui subsistent depuis tant de siècles que dure la monarchie, et en particulier la race heureusement régnante, sans que l’ambition la plus effrénée ait osé y attenter ; à l’extinction radicale du droit le plus saint, le plus important, le plus inhérent à la nation entière ; et de cette nation si libre que, jusque dans son asservissement nouveau, elle en porte encore le nom, et des restes très évidents de marques, ce crime en fait une nation d’esclaves, et la réduit au même état de succession purement, souverainement et despotiquement arbitraire, fort au delà de ce que le czar Pierre Ier a osé entreprendre en Russie, le premier de tous ses souverains, et qui a été imité après lui, fort au delà, on le répète, puisqu’il n’y avoit point de maison nombreuse appelée à la couronne comme nos princes du sang, et encore moins de loi salique, qui est la règle consacrée par tant de siècles du droit unique à la succession à la couronne de France. Et qu’on n’oppose point ici les funestes fruits de la guerre des Anglois, qui, après s’être soumis au jugement rendu en faveur de la loi salique, ne fondèrent leurs prétentions qu’en impugnant de nouveau cette loi fondamentale. Qu’on n’allègue point non plus les infâmes desseins de la