Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/281

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dire celle qui avoit été donnée pour tenir lieu de paye, qui étoit la distinction du Franc conquérant d’avec le Gaulois conquis, des fiefs et d’avec les rotures, de la noblesse d’avec le peuple, demeura uniquement restreinte au fief des fiefs, qui est la couronne.

La seconde race sur le point de périr par l’imbécillité des derniers rois, Hugues Capet, duc de France, comte de Paris, proche parent de l’empereur, et dont le grand-père avoit déjà contesté la couronne, fut porté sur le trône par le consentement de tous les grands vassaux du royaume, qui les confirma dans tout ce qu’ils en tenoient, et l’augmenta ainsi que leur autorité ; c’est là l’époque où les ducs et les comtes, chefs des armées et gouverneurs de province à vie, inféodés après en de grands domaines, de suzerains devinrent souverains, non seulement de ces domaines, mais des provinces dont ils n’étoient auparavant que les gouverneurs. Je dis souverains, parce qu’encore qu’ils fussent vassaux de la couronne, pour ces mêmes domaines et ces mêmes provinces, leur puissance étoit devenue si étendue et si grande qu’elle approchoit fort de la souveraineté.

Le nom de pair de France, inconnu sous la première race, longtemps sous la seconde, peut-être même au commencement de la troisième, manqua seulement aux plus grands de ces premiers grands feudataires ou grands vassaux de la couronne, puisque, comme l’avouent les meilleurs auteurs, ils faisoient les mêmes fonctions que ceux qui parurent sous le nom de pairs de France, firent tout de suite et précisément le même, et tout en la même manière, et sans érections pour les six premiers laïques et ecclésiastiques qui l’ont porté. Ce qui suffit à prouver que, sans nom ou avec d’autres noms, l’essence est la même sans changement ni interruption, et que ce qui a été connu alors par le nom et