Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/293

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La brièveté sous laquelle gémit nécessairement une matière si abondante, forcément traitée en digression, me fera supprimer une infinité de passages existants par lesquels on voit ce que nos rois pensoient et disoient de la dignité et des fonctions de pairs, tant dans les érections des pairies qu’ils faisoient, qu’ailleurs, pour n’alléguer qu’un passage de Philippe le Bel du temps duquel ces anciens pairs de Bourgogne, etc., étoient dans tout leur lustre personnel de grandeur, d’extraction et de puissance terrienne, si différent de l’état personnel des évêques-pairs d’alors et d’aujourd’hui. C’est d’une lettre de Philippe le Bel, de 1306, au pape, qui existe encore en original aujourd’hui, par laquelle il le prie de remettre à leur prochaine entrevue le choix d’un sujet pour remplir le siège de Laon vacant. In Laudunensi Ecclesia, lui dit-il, quam licet in facultatibus tenuem, intra ceteras nostri regni utpote paritate seu paragii regni ejusdem dotatam excellentia, nobilissimam reputamus, ejusque honorem, nostrum et, regni nostri proprium arbitranmur…. Personam praefici cupientes, quae honoris regii et regni zelatrix existat, et per quam praefata Ecclesia debitis proficiat incrementis urgente causa rationabili, Sanct. Ap. attentis precibus, supplicamus… per quam etiam sicut nobis et status nostri regni expedire conspicimus regimen ipsius paritatis seu paragii, quod est honoris regii pars non modica, poterit in melius augmentari, etc. Les paroles de cette lettre, soit dans leur tissu, soit séparément considérées, sont si expresses qu’elles n’ont besoin d’aucun commentaire pour les faire entendre ni valoir. Ce texte est si remarquable que l’exprimer ce seroit l’affaiblir. Il n’y a pas un mot qui ne porte, et qui ne montre ce qui est dit ci-dessus avec la plus lumineuse clarté. Le voici en françois. On y voit du même coup d’œil la petitesse et plus que la médiocrité du siège de Laon, si on en excepte la pairie, en même temps l’excellence de cette dignité qui rend cette Église la plus noble et la plus excellente de toutes, dont l’honneur est réputé l’honneur même du