Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/325

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La régence de M. le duc d’Orléans est un troisième exemple consécutif en faveur du parlement pour les régences, dont je me réserve à parler en son temps.

Les temps fâcheux sont toujours ceux des innovations et des entreprises. Les commencements de la Ligue, qui en produisirent quantité en tout genre, ne furent pas moins avantageux à celles du parlement. Le duc de Guise, qui n’aspiroit à rien moins qu’à mettre la couronne sur sa tête, et de là dans sa maison, s’étoit proposé de gagner tous les cœurs. Il étoit, comme par droit successif de ses pères, l’idole des troupes et du parti catholique, de la cour de Rome, qui ne songeoit qu’à profiter du temps pour étendre son autorité en France et anéantir les libertés de l’Église gallicane, monument de toute antiquité qui la blesse si douloureusement. Il étoit plus que sûr de la maison d’Autriche, qui, jusqu’à sa fin, n’a jamais manqué à la sienne, jusqu’à se la substituer en tout ce qu’elle put ; mais qui ne vouloit que la subversion de la France pour profiter de ses débris. Il avoit séduit les ministres par les charges de l’ordre, et le cabinet par les bienfaits et par la crainte ; il disposoit des écoles de théologie et des prédicateurs, presque de tous les prélats ; il étoit adoré des peuples, et pour les gagner davantage et se dévouer de plus en plus les curés, il est le premier homme, je ne dis pas de son état, mais je dis de la noblesse la moins distinguée, qui ait été marguillier de sa paroisse et qui en ait fait la planche, qui à la française a été suivie depuis par les seigneurs les plus distingués. Il n’oublia pas à chercher à gagner le parlement. Ses pères et lui-même s’étoient élevés à la pairie, ils en avoient accumulé dans leur maison. Leur puissance leur fit après franchir toutes les bornes, et cette dignité dont lui-même dans ses premiers commencements s’étoit si fort prévalu, à l’exemple de ses pères et de ses oncles, il ne se soucia pas de la prostituer pour cheminer vers son grand dessein.

Le serment des pairs à leur réception au parlement est «