Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/381

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à ces assemblées, qui ne furent point états généraux, et n’ont jamais passé pour tels, les officiers de justice, et ceux du parlement de Paris et des autres parlements ont été députés du tiers état sans aucune réclamation. C’est donc une exception singulière faite à l’occasion de la perte de la bataille de Saint-Quentin, où il s’agissoit d’efforts extraordinaires, que la justice fut mise à part, parce qu’elle avoit fourni sa quote-part avant l’assemblée générale qui ne fut convoquée que pour cela, et avec laquelle on n’eût pu la mêler sans l’exposer à payer deux fois. Cette assemblée ne fut point d’états généraux, et si [1] encore la justice dans ce qu’elle fut avec elle, céda sans difficulté à la noblesse : ainsi rien qui fasse contre ce qui vient d’être expliqué.

Si le parlement prétendoit participer et représenter même les états généraux comme en contenant les trois ordres en abrégé, la réponse seroit facile. Il n’y a qu’à désosser cette composition, et on trouvera qu’elle ne sera pas plus heureuse à imposer que l’équivoque du nom de parlement. L’avantage des propositions fausses est le captieux et l’implicite qu’elles présentent à la paresse ou à l’ignorance qui ne les développent pas. L’artifice sait faire valoir le spécieux. Mais, si on prend quelque soin d’approfondir, on voit bientôt le piège à découvert, et on n’est plus qu’étonné de la hardiesse qui débite une absurdité avec l’autorité d’une chose de notoriété publique.

On dira donc, si on veut, que les pairs ecclésiastiques et les conseillers clercs, les pairs laïques et les conseillers d’honneur, et les magistrats du parlement y représentent les trois ordres du royaume. Il est vrai qu’ils sont de ces trois ordres, mais il ne s’ensuit pas ce qu’on en prétend.

Les pairs, quelques efforts que le parlement puisse faire, ne sont point du corps du parlement : autre chose est d’y avoir séance et voix délibérative, autre chose est d’être de

  1. Pourtant.