Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/393

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le voyage de Fontainebleau. Pendant ce voyage, le premier président y fit un tour, et y vit M. du Maine, lequel conta aux ducs de Noailles et d’Antin que le premier président lui avoit parlé du déplaisir qu’il avoit de ce que ces deux ducs avoient rompu trop légèrement quelques conversations qu’ils avoient eues avec lui comme ses amis particuliers, dès qu’il fut premier président, sur le bonnet ; qu’il l’avoit même pressé d’y concourir, puisque, devenu prince du sang, il avoit changé d’intérêt ; et qu’il lui répondoit de lui-même et du parlement là-dessus. Toutes ces avances avoient été reçues avec la dernière froideur, et ne furent communiquées à presque aucun des pairs. Ces deux-là lui dirent que la résolution étoit prise depuis longtemps de demeurer en profond silence, d’éviter les dégoûts qu’une autre conduite attireroit, dans l’impuissance ou on se sentoit d’obtenir la moindre justice ; et d’Antin ajouta qu’il avoit assuré le roi qu’il ne l’importuneroit jamais là-dessus.

Au retour de Fontainebleau, M. du Maine parla encore plus fortement au duc de La Force à Sceaux. Il y alloit souvent ; il y apprit donc ce qui s’étoit passé à Fontainebleau, la peine où M. du Maine disoit être de n’avoir pu remuer MM. de Saint-Simon, de Noailles et d’Antin. Il ajouta qu’il comptoit sur son amitié, et qu’il lui en demandoit une marque : c’étoit de rendre compte de sa conversation avec lui au plus grand nombre de ducs qu’il pourroit, et de faire qu’ils ne perdissent pas de gaieté de cœur une occasion si favorable, où le premier président répondoit du succès de son côté et du parlement, et lui duc du Maine du côté du roi, auprès duquel il se chargeoit de rompre utilement toutes les glaces. Ce fut dans ce même temps qu’il parla dans le cabinet à trois reprises aux ducs de Noailles, etc., comme je l’ai raconté, et que nous nous assemblâmes chez M. d’Harcourt. Ainsi tout se fit à la fois, parce que M. de La Force parla en même temps à plusieurs autres, qui tous furent aussi d’avis d’accepter les offres de M. du Maine, que