Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/436

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efface totalement. Néanmoins on les a vus usurper d’opiner en lit de justice, non seulement devant les pairs et les princes du sang, mais devant les fils de France, et devant la reine mère et régente ; et les mouvements qu’ils se donnèrent montrent bien que c’étoit pour leurs personnes uniquement, et dans lesquels ils engagèrent le parlement d’entrer, quoiqu’il n’y eût pas le moindre intérêt, lorsque cette affaire fut enfin portée devant le roi en 1662, qui, très contradictoirement, jugea contre eux pour les pairs ce qui a toujours subsisté depuis. Il est donc évident, par cet exemple dont on se contente ici, que ce n’est ni par la représentation du roi qu’ils n’ont point, ni par la présidence qu’ils exercent en son nom, qu’ils osent soutenir l’énorme usurpation du bonnet, et que, si le roi les obligeoit d’articuler à quel titre, ils demeureroient confondus.

Mais que pourroient-ils alléguer au roi là-dessus, en leur laissant même soutenir cette représentation fausse et idéale, dès que le roi consent pour ce qui le regarde, et qu’il dit au premier président que ce que les ducs demandent lui paroît juste et raisonnable, et qu’il désire qu’ils soient contents ? c’étoit les mettre au pied du mur. Aussi le premier président n’osa jamais faire une dernière réponse au roi ; et ce fut pour l’en délivrer que M. du Maine n’eut pas honte, après avoir tant de fois répondu de Mme la Princesse, de l’amener enfin sur la scène pour finir l’affaire comme on l’a vu.

Finissons par un mot fort court. Le chancelier va au parlement toutes les fois que bon lui semble, y préside, et y efface totalement le premier président et tous les autres présidents ; il y déplace le premier président en l’absence du roi ; il est le supérieur du parlement. Quand cette compagnie va chez lui le haranguer, et il n’est point de chancelier à qui cela n’arrive, c’est par députés, parmi lesquels sont le premier président et d’autres présidents à mortier. Le premier président lui porte la parole et le traite toujours de monseigneur ; la députation est très légèrement conduite par le