Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/93

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de Mme la duchesse de Berry, pour continuer si c’étoit d’un prince.

Le lendemain, samedi, le roi ordonna à son lever que le deuil commenceroit le mardi suivant, que les princes du sang, ducs, officiers de la couronne, princes étrangers et grands officiers, draperoient, quoiqu’il ne portât point le deuil ; qu’il dureroit six mois ; et déclara qu’il ne vouloit point de révérences, ni voir personne en manteau ni en mante, ce qui fut cause qu’il n’y en eut pas même chez Mme la duchesse de Berry. Il chargea Breteuil, introducteur des ambassadeurs, d’avertir les ministres étrangers qu’il recevroit leurs compliments en allant et en revenant de la messe, mais qu’il ne donneroit d’audience pour cela à pas un d’eux ; et il dit au premier président, qui étoit venu recevoir ses ordres, qu’il ne vouloit de compliment d’aucune compagnie. Il manda la perte qu’il venoit de faire à la reine d’Angleterre, à Saint-Germain, par le duc de Tresmes, et à Mme la duchesse de Berry qu’il irait la voir le lendemain. II vécut ce jour-là à l’ordinaire, et alla faire une dernière revue de ses gardes du corps, qu’il renvoya dans leurs quartiers. Il avoit l’âme fort noircie ; mais il étoit d’ailleurs peu touché, et il ne cherchoit pas à s’affliger. Les bienséances en souffrirent.

Le dimanche après-dîner, le roi fut à Versailles voir Mme la duchesse de Berry. Mme de Saint-Simon y étoit revenue, qui en reçut beaucoup d’honnêtetés, et force caresses de Mme la duchesse de Berry. M. [le duc] et Mme la duchesse d’Orléans étoient auprès d’elle. Le roi lui fit fort bien ; mais il n’y demeura qu’un quart d’heure, et s’en retourna à Marly se promener dans ses jardins.

M. [le duc] et Mme la duchesse d’Orléans sentirent toute la grandeur de la perte. C’étoit un lien qui les attachoit au roi de fort près. Sa rupture étoit irréparable. L’idée de régence ne consola point M. le duc d’Orléans. Il ne pouvoit se dissimuler sa supériorité d’esprit sur un gendre avec qui d’ailleurs