Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/168

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On a vu (t. X, p. 155) quel étoit le marquis d’Effiat et en lui-même et à l’égard de M. le duc d’Orléans, à quoi j’aurai peu de chose à ajouter. Son nom étoit Coiffier, son origine d’Auvergne ; l’illustration, d’avoir été contrôleur de la maison de MM. de Montpensier, enfin receveur des tailles du bas Limousin ; les alliances à l’avenant. Ces emplois n’appauvrissent pas. Ce receveur des tailles fit son fils général des finances, trésorier et maître des comptes en Piémont, Savoie et Dauphiné. Tous les vilains n’ont pas toujours peur. Il se fourra aux premiers rangs à la bataille de Cérisoles, et fut fait chevalier le lendemain par le comte d’Enghien, prince du sang, déjà héros à son âge, que les Guise déjà pointants et projetants assommèrent d’un coffre en se jouant avec lui à la Rocheguyon. Il étoit frère d’Antoine, roi de Navarre, père d’Henri IV, et du prince de Condé, tué à Jarnac, etc. Ce beau chevalier s’enrichit, acheta Effiat d’Antoine de Neuville, frère du père de M. de Villeroy, secrétaire d’État, lequel vécut et mourut secrétaire du roi sans s’être marié. Coiffier épousa Bonne Rusé, fille du receveur de Touraine et sœur de Beaulieu qui devint secrétaire d’État, et qui, se trouvant sans postérité, fit son héritier Antoine Coiffier, fils du fils de cette sœur, à la rare condition pour un homme de cette espèce de prendre son nom et ses armes, condition aussi aisée à accepter pour un autre homme de même sorte tel qu’étoit ce petit-neveu, qui par là se trouva fort riche. Ce même petit-neveu est le maréchal d’Effiat dont la fortune est connue, et qui n’est pas de mon sujet. Il eut de Marie de Fourcy, sa femme, trois fils et deux filles. L’aîné fut gendre de Sourdis, chevalier de l’ordre, vécut obscur et pas longtemps, et ne laissa que le marquis d’Effiat qui cause cette petite digression ; le second fut le grand écuyer Cinq-Mars, dont la fortune et la catastrophe sont aussi bien connues ; le troisième, l’abbé d’Effiat, mort aveugle, de qui on a parlé en son lieu. L’aînée des filles, mariée et démariée d’avec d’Alègre, seigneur de Beauvoir, épousa le maréchal