Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/284

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rien de si glorieux que les enfants, et que ceux qui l’environneront y seront bien attentifs, et avec la familiarité aussi qui convient à la naissance et à la place, qui ménagée avec esprit accoutume et apprivoise les enfants. Aller quelquefois aux heures de lui présenter le service, y être ouvert et gracieux à ses gens, avoir pour eux l’accès facile, les écouter avec patience si quelqu’un d’eux veut lui parler en entrant ou en sortant, mais pour les réponses en user comme avec les autres, et toutefois être attentif à leur faire plaisir.

À l’égard des princes et princesses du sang qui arriveront tout droit dans son cabinet, sans que cela se puisse empêcher, les recevoir debout tant qu’il pourra, pour les obliger par ce mésaise d’abréger, alléguer les affaires pressées pour couper le plus court, et leur proposer de s’épargner cette peine en lui envoyant quelqu’un de leur confiance sur l’affaire dont il s’agit, afin de s’en mieux éclaircir, en effet pour perdre moins de temps et être plus libre d’abréger ; pour les ministres étrangers qui ne chercheront toujours qu’à le pénétrer et l’engager, force honnêtetés, force clôture, force fermeté, et les renvoyer aux affaires étrangères. Cela lui procurera toujours le loisir d’examiner, de délibérer, et de se tenir hors de toute prise.

Le roi n’a jamais traité avec pas un ; il savoit d’avance quelle seroit la matière de l’audience demandée, répondoit courtement et sans jamais enfoncer ni s’engager encore moins ; si le ministre insistoit, ce qu’il n’osoit guère, il lui disoit honnêtement qu’il ne pouvoit s’expliquer davantage, en lui montrant Torcy, qui étoit toujours présent, comme celui qui savoit ses intentions, et avec qui le ministre pouvoit traiter. Il l’éconduisoit ainsi, et si le ministre faisoit la sourde oreille, il le quittoit avec une légère inclination de tête, et se retiroit dans un autre cabinet. Il falloit bien alors que le ministre étranger s’en allât, à qui Torcy en montroit civilement le chemin. C’est l’imitation que je proposai entière et ferme à M. le duc d’Orléans, avec les suppléments