Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/508

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parce qu’il y étoit retenu, et il n’y en avoit point dans le cœur, parce qu’il n’y en pouvoit point entrer ; il falloit donc que ses mouvements cessassent, ne recevant point de sang pour les continuer ; c’est ce qui s’est fait aussi, et ce qui a causé une mort si subite. »


X. CONDUITE DE LOUIS XIV ENVERS BARBEZIEUX.
Page 427.

M. Barbier, auteur du Dictionnaire des Anonymes, a publié le mémoire suivant, trouvé dans les papiers du procureur général Joly de Fleury. Il étoit adressé par Louis XIV à l’archevêque de Reims, Charles-Maurice Le Tellier, sur la conduite de son neveu Barbezieux. Cette pièce avoit été connue de Voltaire, qui l’a appréciée en ces termes : « Quoique écrite d’un style extrêmement néglige, elle fait plus d’honneur au caractère de Louis XIV que les pensées les plus ingénieuses n’en auroient fait à son esprit. »

Voici ce mémoire :

« A L’ARCHEVÊQUE DE REIMS.

« Que la vie que son neveu a faite à Fontainebleau n’est pas soutenable ; que le public en a été scandalisé ;

« Qu’il a passé tous les jours à la chasse et la nuit en débauche ;

« Que les commis se relâchent à son exemple ;

« Que les officiers ne sauroient trouver le temps de lui parler ; qu’ils se ruinent pour attendre ;

« Qu’il est menteur, toujours amoureux, rôdant partout ; peu chez lui ; que le monde croit qu’il ne sauroit travailler le voyant partout ailleurs ;

« Le retardement des lettres de Catalogne ;

« Qu’il se lève tard, passant la nuit à souper en compagnie souvent avec les princes ;

« Qu’il parle et écrit rudement ;

« Que, s’il ne change du blanc au noir, il n’est pas possible qu’il puisse demeurer dans sa charge ;

« Qu’il doit bien examiner ce qu’il doit lui conseiller, après avoir su de lui ses sentiments ;

« Que je serois très fâché de faire quelques changements, mais que je ne le pourrois éviter ;

« Qu’il n’est pas possible que les affaires marchent avec une telle inapplication ;

« Que je souhaite qu’il y remédie, sans que je sois obligé d’y mettre la main ;