Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/108

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à Vienne ; et observé exactement. Le monstrueux fut que, sur la fin du carnaval, il y eut un bal unique, avec une espèce de fête, que le comte du Luc, ambassadeur de France, n’eut pas honte de donner aux dames qui le séduisirent par l’ennui d’un carnaval si triste. Cette complaisance ne le fit pas estimer à Vienne ni ailleurs. En France on se contenta de l’ignorer. Pour nos ministres et les intendants des provinces, les financiers, et ce qu’on peut appeler la canaille, ceux-là sentirent toute l’étendue de leur perte. Nous allons voir si le royaume eut tort ou raison des sentiments qu’il montra, et s’il trouva bientôt après qu’il eût gagné ou perdu.



Chapitre VI.
1715. — M. le duc d’Orléans surpris par la mort du roi. — La pompe funèbre réduite au plus simple. — Points d’états généraux. — Liberté accordée aux pairs sur les usurpations du parlement, puis commuée en protestations et promesses de décision. — Séance au parlement pour la régence. — Le duc de La Rochefoucauld reçu au parlement. — Scélératesse et piège du premier président, que le duc de La Rochefoucauld évite avec noblesse. — Duc du Maine arrive en séance. — Protestation des pairs sur les usurpations du parlement à leur égard, et interpellation à M. le duc d’Orléans sur sa promesse de les juger dès que les affaires du gouvernement seroient réglées, à laquelle il acquiesce en pleine séance. — Députation du parlement va quérir le testament et le codicille du roi. — Stairs dans une lanterne ; le duc de Guiche, bien payé, dans une autre. — Le régiment des gardes aux avenues. — Dreux, conseiller de la grand’chambre, fait à haute voie lecture du testament, et l’abbé Menguy, conseiller clerc de la grand’chambre, du codicille. — Discours de M. le duc d’Orléans. — Le testament du roi abrogé quant à l’administration de l’État. — Forte dispute publique, puis particulière, entre M. le duc d’Orléans et le duc du Maine sur le codicille du roi. — Sur l’avis du duc de La Force, je fais passer la dispute dans la quatrième des enquêtes. — Je l’y fais après sus-