Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/271

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de Pontchartrain étoit leur soeur. On a vu quelle étoit l’union, l’intimité, la confiance entre elle et Mme de Saint-Simon. On se souviendra aussi qui et quelle étoit Mme de Blansac ; et que la comtesse de Roucy étoit dame du palais de Mme la duchesse de Bourgogne, et fille de la duchesse d’Arpajon, dame d’honneur de Mme la Dauphine de Bavière, sœur du marquis de Beuvron, père du maréchal d’Harcourt. Les quatre frères étoient fort unis, et les deux belles-sœurs, à l’heureuse mode ancienne qui subsistoit encore un peu quand les plus âgés d’entre eux arrivèrent dans le monde. Ils en eurent un grand usage, mais d’esprit pas l’apparence, et presque aussi peu de sens. Je me retrancherai au comte et à la comtesse de Roucy, parce que ce n’est que d’eux qu’il est question ici. Mais on se souviendra aussi des tristes aventures du comte de Roucy à la bataille de la Marsaille, que j’eus tant de peine à replâtrer par Chamillart, et du même et de Blansac à celle d’Hochstedt, où leurs femmes eurent encore tous leurs recours à moi, où je fis tout ce qui me fut possible auprès de Chamillart, qui les servit de son mieux, mais qui ne put cependant faire revenir le roi des impressions qu’il avoit prises, en sorte que ni l’un ni l’autre ne purent jamais obtenir de servir depuis. Roucy, à l’abri de Monseigneur, du jeu, de la chasse, du duc de La Rochefoucauld et de la place de sa femme, ne laissa pas de ne bouger de la cour comme auparavant. Mais n’ayant jamais été bien traité du roi, il le fut encore moins qu’auparavant.

C’étoit un grand homme, fort bien fait, de bonne mine, mais qui ne promettoit rien, et qui par cela même n’étoit pas trompeuse ; l’air fort et robuste, qui sentoit son homme de guerre, et qui par sa figure et ses talents naturels étoit fort bien voulu des dames, qui avoient après le plaisir de s’en moquer. De commerce, on n’en pouvoit guère avoir avec lui. Tout occupé de la cour de Monseigneur, avec qui il étoit fort bien, et dont le choix n’étoit pas difficile, de le suivre à la chasse, de jouer le plus gros jeu a la cour et à