Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/387

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Cette couronne, qui regardoit la Sicile comme pouvant un jour lui revenir selon les traités, prit vivement ses intérêts à Rome sur l’interdit fulminé contre ce royaume à l’occasion des pois chiches de l’évêque d’Agrigente. Albéroni avoit seul la confiance du roi et de la reine d’Espagne. Il étoit seul chargé des réforme, des troupes, des dépenses de la marine, de celles de la maison royale, et des principales affaires d’État. Il s’ouvrit à quelqu’un que le produit des revenus de 1716, qui devoient se toucher dans son courant, ne se montoient qu’a seize millions, et les dépenses nécessaires de la même année à vingt et un millions, sans les extraordinaires qui pouvoient survenir. Il travailloit tous les soirs avec Leurs Majestés Catholiques sur la réforme des troupes. Il y fut résolu qu’il ne seroit conservé que deux compagnies des quatre des gardes du corps, et d’autres détails de réforme dans les deux conservées, en quoi Albéroni comptoit épargner soixante mille pistoles par an ; de dix bataillons des gardes n’en garder que deux, dont un espagnol, l’autre wallon. Il comptoit que la réforme du seul état major de ces régiments réduits à deux bataillons irait à une épargne de quatre cent mille réaux par an. Il résolut aussi, après la réforme exécutée, de lever six mille dragons, dont la moitié à pied, et de les laisser toujours dans la Catalogne. Les autres réformes, ainsi que les règlements nouveaux pour les conseils et pour le palais, ne devoient venir qu’ensuite.

Cellamare, ambassadeur d’Espagne à Paris, n’étoit pas moins attentif que les ministres des autres puissances aux semences de division qui y éclatoient, et dont celles qui avoient signé la paix d’Utrecht avec tant de dépit espéroient des troubles et un renouvellement de guerre, l’accomplissement du traité de la Barrière mettoit du malaise entre elles. La Hollande différoit d’en donner sa ratification avant que l’Angleterre eût fourni la sienne. Les Impériaux menaçoient d’en venir enfin aux voies de fait. Ceux qui étoient