Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/442

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Pontchartrain, solidement modeste et détaché, mit ordre d’être averti à temps, et se trouva sur sa porte dans la rue comme le roi arrivoit chez lui. Il fit inutilement tout ce qu’il put pour empêcher le roi de mettre pied à terre ; mais il réussit, à force d’esprit, d’opiniâtreté et de respects à faire que la visite se passât ainsi dans la rue, qui ne laissa pas de durer un quart d’heure jusqu’à ce que le roi remonta en carrosse. Pontchartrain le vit partir et rentra aussitôt dans sa chère modestie, où son parfoit renoncement lui fit oublier aussitôt l’extraordinaire honneur de la visite, et la pieuse adresse qui lui en avoit évité tout ce qu’il avoit pu. Tout le monde qui le sut l’admira, et loua fort aussi le maréchal de Villeroy d’une pensée si honnête et si convenablement exécutée.

Mme de Nassau qui, pour d’étranges affaires avec son mari, avoit été longtemps à la Bastille, puis dans un couvent à Rethel, eut permission de revenir à Paris chez le marquis de Nesle son frère, par le consentement de son mari.

M. le Duc et M. le prince de Conti eurent la petite vérole à peu de distance l’un de l’autre ; et Mme la duchesse d’Orléans accoucha d’une fille, qui est morte princesse de Conti, dont elle a laissé un fils unique appelé comte de La Marche.

L’électeur palatin Guillaume-Joseph mourut à Dusseldorf sans enfants ; il étoit frère de l’impératrice épouse de l’empereur Léopold, de la reine de Portugal, mère du roi Jean d’aujourd’hui, de la reine d’Espagne seconde femme de Charles II, qui a été si longtemps à Bayonne, de la duchesse de Parme mère de la reine d’Espagne, seconde femme de Philippe V, et de l’épouse de Jacques Sobieski, fils aîné du célèbre roi de Pologne. Cet électeur ne laissa point d’enfants de ses deux femmes, l’une fille de l’empereur Ferdinand III, l’autre de Mme la grande-duchesse, morte en France, fille de Gaston, frire de Louis XIII. Charles-Philippe son frère, gouverneur du Tyrol, lui succéda.