Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/469

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


II. MÉPRIS POUR LES ANCIENS USAGES PENDANT LA RÉGENCE.


Page 135.


La facilité avec laquelle le régent abandonna les anciens usages est bien caractérisée dans le passage suivant des Mémoires inédits du marquis d’Argenson :

« Saint-Cernain demanda à S. A. R. M. le duc d’Orléans, régent, l’honneur de porter l’habit à brevet ; il l’obtint et alla remercier. Le régent répondit : Je souhaite, monsieur, que votre tailleur vous le donne d’aussi bon cœur que moi. Ledit Saint-Cernain est pauvre et glorieux ; au reste, brave et ambitieux. Il se pique de ressembler au maréchal de Villars ; il le copie ; il prétend qu’il fera une aussi grande fortune que lui. On l’a trouvé une fois s’exerçant à signer : le maréchal-duc de Saint-Cernain. En attendant il va à pied. L’habit à brevet alloit mal à ce train-là. Le régent étoit non seulement fait à multiplier les grâces ci-devant singulières, mais il avoit une secrète malice pour avilir tout ce que le feu roi avoit eu à cœur d’illustrer : cela provenoit d’avoir été maltraité sur la fin du règne et par le testament. Ajoutez à cela qu’une cour moderne se pique de tourner en ridicule et de traiter avec une supériorité indiscrète tout ouvrage, manière et respects de l’ancienne cour. »


III. LE MARÉCHAL DE NOAILLES (ADRIEN-MAURICE).


Page 141.


Saint-Simon exprime souvent contre le duc de Noailles des sentiments de haine et de mépris qui s’expliquent surtout par l’influence que le duc de Noailles, devenu maréchal de France, exerça pendant une grande partie du règne de Louis XV. Ceux qui voudront apprécier sérieusement le rôle du maréchal de Noailles devront étudier non seulement les Mémoires imprimés sous son nom, mais surtout ses nombreux manuscrits, dispersés dans les bibliothèques de Paris. La Bibliothèque impériale seule possède près de quarante volumes in-folio de correspondance et Mémoires du maréchal de Noailles [1].

  1. B. I. ms. suppl. fr. 2232 nos 22 et suiv.