Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/93

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messe, les ministres étoient avertis et s’assembloient dans la chambre du roi, où les gens distingués pouvoient aller leur parler ou causer avec eux. Le roi s’amusoit peu au retour de la messe, et demandoit presque aussitôt le conseil. Alors la matinée étoit finie.

Le dimanche il y avoit conseil d’État, et souvent les lundis. Les mardis, conseil de finance ; les mercredis, conseil d’État ; les samedis, conseil de finance. Il étoit rare qu’il y en eût deux par jour, et qu’il s’en tînt les jeudis ni les vendredis. Une ou deux fois le mois, il y avoit un lundi matin conseil de dépêches ; mais les ordres que les secrétaires d’État prenoient tous les matins, entre le lever et la messe, abrégeoient et diminuoient fort ces sortes d’affaires. Tous les ministres étoient assis en rang entre eux, excepté au conseil des dépêches, où tous étoient debout, tout du long, excepté les fils de France quand il y en avoit, le chancelier et le duc de Beauvilliers ; rarement pour des affaires extraordinaires évoquées, et vues dans un bureau de conseillers d’État. Ces mêmes conseillers d’État venoient à un conseil donné exprès de finance ou de dépêches, mais où on ne parloit que de cette seule affaire. Alors tous étoient assis, et les conseillers d’État y coupoient les secrétaires d’État et le contrôleur général, suivant leur ancienneté de conseiller d’État entre eux, et un maître des requêtes rapportoit debout, lui et les conseillers d’État en robes. Le jeudi matin étoit presque toujours vide. C’étoit le temps des audiences que le roi vouloit donner, et le plus souvent des audiences inconnues, par les derrières. C’étoit aussi le grand jour des bâtards, des bâtiments, des valets intérieurs, parce que le roi n’avoit rien à faire. Le vendredi après la messe étoit le temps du confesseur, qui n’étoit borné par rien, et qui pouvoit durer jusqu’au dîner. À Fontainebleau, ces matins-là qu’il n’y avoit point de conseil, le roi passoit très ordinairement de la messe chez Mme de Maintenon ; et de même à Trianon et à Marly ; quand elle n’étoit pas allée dès le matin à Saint-Cyr.