Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/164

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Il est vrai qu’elle étoit altière et qu’elle s’offensoit fort aisément. Elle le fit vivement sentir à la duchesse de Parme sa mère, qui de son côté ne l’étoit pas moins. Il ne s’agissoit néanmoins que de bagatelles, mais la parfaite intelligence ne revint plus. Le duc de Parme, son oncle et son beau-père, en sentit un autre trait pour ne l’avoir pas avertie à temps du sujet de l’envoi du secrétaire Ré de Londres à Hanovre. Il se trouva plus flexible que la duchesse sa femme ; il s’excusa et dissipa cette aigreur.

Albéroni, qui avoit un commerce direct de lettres avec Stanhope, vouloit traiter avec l’Angleterre et la Hollande, laisser à Beretti le soin de débrouiller le plus difficile avec les États généraux, et se réserver la gloire d’achever à Madrid le traité avec Riperda. Beretti sentoit le poids de ce qu’on exigeoit de lui, et en représentoit toutes difficultés. Il savoit par le Pensionnaire même qu’il croyoit de l’intérêt de ses maîtres de traiter avec l’empereur avant de traiter avec l’Espagne, et Beretti le soupçonnoit de ne vouloir remettre la négociation à Madrid, que pour la retarder, et parce qu’il seroit plus maître de donner ses ordres à Riperda, que d’une négociation qui se traiteroit à la Haye ; mais l’empereur ne répondoit point à l’empressement de ce même Heinsius, et ne faisoit aucune réponse aux propositions que les États généraux lui avoient faites. La première étoit de modérer le nombre de troupes qu’ils devoient fournir pour la défense des Pays-Bas catholiques s’ils étoient attaqués ; ils étoient engagés par le traité de [la] Barrière à fournir en ce cas huit mille hommes de pied et quatre mille chevaux. Ils vouloient plus de proportion entre ces assistances et leurs forces, et des secours conformes aux conjonctures sans spécification. En second lieu ils demandoient qu’il plût à l’empereur de spécifier les princes qu’il prétendoit comprendre dans l’alliance ; et en troisième lieu l’observation exacte de la neutralité d’Italie. Enfin ils refusoient de s’engager dans ce qui pourroit arriver au delà des Alpes et dans