Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/175

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Paris l’égout des voluptés de toute l’Europe, et le continua longtemps après lui. Outre les maîtresses du feu roi, ses bâtards, ceux de Charles IX, car j’en ai vu une veuve et sa belle-fille, ceux d’Henri IV, ceux de M. le duc d’Orléans, à qui sa régence a fait une immense fortune, les deux branches des deux frères Bourbons, Malause et Busset, les Vertus bâtards du dernier duc de Bretagne, les bâtardes des trois derniers Condé, et jusqu’aux Rothelin, bâtards de bâtards, c’est-à-dire d’un cadet de Longueville, desquels bâtards d’Orléans le dernier est mort de mon temps, et Mme de Nemours sa sœur bien plus tard encore ; Rothelin, dis-je, qui dans ces derniers temps ont osé se croire quelque chose, et l’ont presque persuadé par l’audace d’une couronne de prince du sang qu’ils ont arborée depuis qu’elles sont toutes tombées dans le plus surprenant pillage ; outre ce peuple de bâtards françois, Paris a ramassé les maîtresses des rois d’Angleterre et de Sardaigne, et deux de l’électeur de Bavière, et les nombreux bâtards d’Angleterre, de Bavière de Savoie, de Danemark, de Saxe, et jusqu’à ceux de Lorraine, qui tous y ont fait de riches, de grandes et de rapides fortunes, y ont entassé des ordres, des grades plus que prématurés, une infinité de grâces et de distinctions de toutes sortes, plusieurs des honneurs et des rangs les plus distingués, dont pas un d’eux n’eût été seulement regardé dans aucun autre pays de l’Europe ; enfin jusqu’aux plus infâmes fruits des plus monstrueux incestes et les plus publics, d’un petit duc de, Montbéliard, déclarés solennellement tels par le conseil aulique de Vienne, rejetés comme tels par tout l’empire et de toute la maison de Wurtemberg, lesquels toutefois ont eu l’audace d’y vouloir faire les princes, et y ont trouvé l’appui d’autres prétendus princes, qui avec l’usurpation du rang, et une naissance légitime et française, ne sont pas plus princes qu’eux de tant d’écumes que la France seule s’est trouvée capable de recevoir, et entre toutes les nations de l’Europe, d’honorer et d’illustrer par-dessus