Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/21

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Rothelin épousa en même temps avec dispense la fille de sa sœur la comtesse de Clères.

M. le duc d’Orléans donna une longue audience au premier président et aux députés du parlement, sur les remontrances contre l’édit de rétablissement des charges de surintendant des bâtiments et de grand maître des postes, pour le duc d’Antin et Torcy. Rien plus en la main du roi que ces grâces, rien plus étranger à la foule du peuple, de moins contraire au bon ordre et à la police du royaume, rien enfin de moins susceptible de l’opposition du parlement ; mais cette compagnie, qui avoit dès le commencement senti la faiblesse du régent, et qui l’environnoit de ses émissaires, lesquels, comme il a été expliqué, trouvoient leur compte au métier qu’ils faisoient, sut tourner sa faiblesse en frayeur, lui contester tout avec avantage, et ne perdre aucune occasion de profiter de sa facilité pour établir l’autorité de la compagnie sur la sienne. Il étoit visible qu’ils ne pouvoient avoir que ce but en celle-ci, qui ne touchoit ni ne blessoit personne, et de se rendre ainsi redoutables au régent et à tout le monde.

Peu de temps après, non contents de lui embler son pouvoir, ils osèrent disputer de rang avec lui, petit-fils de France et régent du royaume, et, l’emporter sur ce prince foible et timide. Ces messieurs, que j’ai nommés ailleurs, qu’il croyoit entièrement attachés à lui, et dont il admiroit l’esprit et les conseils, mais qui se jouoient de lui avec tout son esprit, sa pénétration, sa défiance, et le vendoient continuellement au parlement, lui mirent en tête qu’il feroit chose fort décente et fort agréable au peuple d’aller à la procession de Notre-Dame, le jour de l’Assomption, instituée par le vœu de Louis XIII, à laquelle, assistent le parlement et les autres compagnies. Ce prince n’aimoit ni les processions ni les cérémonies ; il falloit un grand ascendant sur son esprit pour lui persuader de perdre toute une après-dînée à l’ennui de celle-là. Il y consentit, le déclara, manda