Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s’étoit particulièrement attaché à lui montrer qu’il faisoit une extrême différence, pour la solidité des alliances, entre celle de la France et celle que l’Angleterre contracteroit avec l’Espagne ; et que, pour lui faire sentir l’importance de cette confidence, il lui avoit demandé un secret sans réserve à l’égard de tout François, Hollandois et Anglois, et il lui offroit d’entretenir avec lui une correspondance régulière après son retour en Angleterre, d’où il le remit à lui répondre sur la permission qu’il demanda pour le roi d’Espagne de lever trois mille Irlandois.

Beretti, avec ces notions et ces mesures prises, se mit à travailler du côté d’Amsterdam à empêcher les États généraux de presser l’empereur d’entrer dans la ligue. Il les savoit disposés à lui garantir les droits et les États qu’il possédoit en Italie, ce qui étoit fort contraire aux intérêts du roi d’Espagne. Il sut qu’Amsterdam vouloit éloigner cette garantie ; c’en étoit assez pour éloigner l’empereur d’entrer dans le traité, et il étoit de l’intérêt du roi d’Espagne de profiter de cette conjoncture pour presser la république de se déterminer sur la proposition qu’il lui avoit faite, qui d’ailleurs étoit mécontente de l’infidélité des Impériaux sur l’exécution du traité de la Barrière. Mais il lui fallut essuyer les longueurs ordinaires du gouvernement de ce pays. L’Angleterre étoit toujours menacée de forts mouvements.

Le nombre des jacobites y étoit toujours grand, nonobstant l’abattement de ce parti ; c’est ce qui pressa Georges de se rendre à Londres, sans s’arrêter en Hollande, et ce qui lui lit conclure son traité avec la France, bien persuadé que sa tranquillité au dedans dépendoit de cette couronne, et de la retraite du Prétendant au delà des Alpes. Penterrieder avoit été dépêché de Vienne à Hanovre pour le traverser. Il n’en étoit plus temps à son arrivée. Il fallut se contenter de l’assurance positive qu’il ne contenoit aucun article contraire aux intérêts de la maison d’Autriche, et d’écouter l’applaudissement que se donnoit le roi d’Angleterre des avantages,