Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/238

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Quint, lui fit trouver fort étrange que le duc de Parme eût osé sans sa participation écouter des propositions de mariage pour le prince Antoine son frère avec une fille du prince de Liechtenstein et deux millions de florins de dot. Le duc de Parme eut beaucoup de peine à l’apaiser et n’osa achever ce mariage.

Les ministres d’Angleterre étoient alarmés aussi de ces bruits d’un traité ménagé par le pape entre l’empereur et le roi d’Espagne. Le roi d’Angleterre vouloit conserver son crédit en Espagne, pour s’autoriser en Angleterre. Stanhope écrivit confidemment à Albéroni que les ambassadeurs de Franco lui avoient parlé à la Haye des bruits de ce traité ; il lui mandoit quo si le roi d’Espagne désiroit effectivement de faire la paix avec l’empereur, l’Angleterre et la Hollande lui offriroient non seulement leur médiation, mais encore leur garantie du traité, engagement que la faiblesse, le caractère et l’éloignement du pape ne lui pouvoient laisser prendre, et que les deux nations exécuteroient aisément. Il offroit encore les mesures nécessaires pour empêcher l’empereur de s’emparer des États du grand duc. Albéroni répondit que le roi d’Espagne étoit très sensible à ces propositions, qu’il ne croyoit pas que le pape eût entamé rien à Vienne, que Sa Majesté Catholique ne s’éloigneroit jamais de contribuer à mettre l’équilibre dans l’Europe, et qu’en toutes occasions elle donneroit des marques de sa modération.

Albéroni vouloit voir de quelle manière Stanhope s’expliqueroit sur cette réponse générale. Beretti avoit déjà donné le même avis du prétendu traité par le pape, mais sans parler des ambassadeurs de France, circonstance essentielle en toute affaire où l’Espagne prenoit quelque intérêt. Albéroni disoit que le principal embarras pour le roi d’Espagne étoit à l’égard des futurs contingents, véritable centre où tendoient toutes les lignes qu’on tiroit de tous les côtés, qu’il ne se mettoit point en peine des alliances, parce que Riperda l’assuroit que les Hollandois n’en feroient point avec