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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/309

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Mérinville) [1] et d’autres encore. Il demeura quelque temps avec nous à plusieurs reprises, et je trouvai fort à m’amuser, et même à m’instruire dans sa conversation qui d’ailleurs avoit encore l’agrément de la gaieté. Nous tombâmes sur des matières qui l’engagèrent à me parler de ce traité de la noblesse. Il me dit qu’il l’avoit original, et, en effet, il me l’apporta quand il revint. Je le copiai avec les signatures dans le même ordre que je les y trouvai, et, j’eus toutes les peines du monde à le lui faire reprendre. Il vouloit absolument me le donner ; il me le rapporta même une seconde fois dans le même dessein, mais je ne crus pas devoir profiter de son honnêteté et priver un curieux savant et un fort honnête homme d’une pièce [2] originale. La voici :

Nous, soussignés, pour obvier aux divisions et désordres qui pourroient naître de la marque d’honneur extraordinaire qu’on témoigne vouloir accorder à quelques gentilshommes et maisons particulières au préjudice de toute la noblesse de ce royaume et notamment de plusieurs des plus signalés de cet ordre, lequel, pour être le vrai et plus ferme appui de cette monarchie, doit être par tous moyens conservé dans une parfaite union sans qu’on laisse établir aucune différence de maisons, avons déclaré par cet écrit, juré et promis unanimement sur notre foi et honneur, qu’après avoir fait nos très humbles remontrances à Sa Majesté, à Son Altesse royale et à Mgrs les princes du sang, et au cas qu’elles ne

  1. L’évêque de Chartres était de la famille de Mérinville. On a fait, dans les précédentes éditions, deux personnages distincts de l’évêque de Chartres et de Mérinville.
  2. Il a déjà été question de cette querelle des tabourets, t. V, p. 438. Voy. la note III à la fin du volume.