Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/379

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puissiez faire lors de leurs élections, comme l’ont tous ceux qui de votre seul choix tiennent des places honorables et permanentes, mais seulement honorables autant que vos bontés et votre confiance, en quelque degré que ce soit, y est jointe, et permanente autant qu’il vous plaît ; tous gens nés ou venus à la cour, et dont les emplois militaires ou civils ont ployé les manières à un respect et à une crainte de déplaire, qui pourra être aussi dans les états, mais différemment tournée, et qui y aura pour contre-poids l’appui mutuel, le zèle du patrimoine et de la liberté, le motif de se signaler pour son pays et de se faire un nom, celui du bien public, prétexte dans les uns, objet réel dans le plus grand nombre, mais objet d’autant plus dangereux qu’il est à craindre qu’il ne soit pas bien pris dans l’idée même sincère de ce plus grand nombre, et qu’il ne soif bien difficile de vaincre sa défiance sur ce point par des raisons qui le touchent. Alors les plus capables, ceux qui raisonneroient le plus juste, et qui tempéreroient le mieux par leurs sages réflexions l’esprit zélateur de l’assemblée, craindront de se commettre avec elle, et sans réussir d’y laisser trop du leur. Leurs maux passés et présents sont un aiguillon pressant qui, se joignant à celui de la liberté maintenant si, à la mode, ou encore à celui de l’autorité que chacun s’arroge, qui n’y devient pas moins, et qui dans une pareille assemblée sera dans toute sa force, et n’y sera contredit d’aucun ou de bien peu de membres ; la considération puissante, qu’ils auront toujours devant les yeux, que l’occasion passée, tout affranchissement est sans retour ; toutes ces choses feront parler haut les états, dont aucune ne se trouve dans les conseils, qui se laissent aisément et doucement conduire à ceux qui leur président, et plus encore à Votre Altesse Royale, dans les yeux de laquelle sont souvent leurs avis, par une habitude de dépendance, augmentée par le respect pour sa personne, et par la conviction de la justesse de ses sentiments et de la pureté de ses intentions. Là personne n’a