Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/384

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ne peut éviter qui ne résulte entre les provinces, et dans chacune d’elles, après la tenue des états généraux, peuvent devenir dangereuses au royaume, tristes à Votre. Altesse Royale, et fâcheuses à l’autorité royale. Ce dernier article mérite toutes vos réflexions, et a peut-être autant ou plus de poids qu’aucun des autres qui l’ont précédé en ordre.

10° Avant de quitter la considération des états généraux pris en entier pour venir au particulier des ordres qui les composent, il faut dire quelque chose de l’affaire des princes qui en regarde le gros, et qui reviendra après avec le détail.

Le dernier écrit abrégé, ou par réflexions signé de M. le Duc et de M. le prince de Conti, dit tout à cet égard à Votre Altesse Royale. Encore une fois, je n’entre point par ce mémoire dans la question, je me souviens trop que j’y suis partie pour n’y faire pas une entière abstraction d’intérêt particulier ; mais ceci regarde la matière du mémoire : c’est à cela seul que j’ose rappeler votre attention. Les princes du sang vous disent qu’il ne faut pas une force différente, pour détruire, de celle dont il a été besoin pour édifier ; que le feu roi a donné par des édits et des déclarations émanées de lui seul, et ensuite solennellement enregistrées, ce qui est maintenant en contestation ; que c’est au roi à juger de la justice de ce qui est respectivement prétendu, et d’autant plus au roi qu’il s’agit de laisser subsister ou de casser un effet de la puissance royale dont nul autre que le roi n’est compétent ; que la minorité empêchant le roi de décider par lui-même, c’est au dépositaire d’une autorité qui ne connoît en France que la maturité de l’âge, et qui n’est sujette à aucun affaiblissement, à juger pour le roi, ou à nommer des juges qu’ils offrent de reconnoître ; que ces juges nommés par Votre Altesse Royale, quels qu’ils soient, exerceront en ce point l’autorité royale ; et semblables à la vraie mère du jugement de Salomon, qui aime mieux donner son fils à l’étrangère que d’en souffrir le partage, ces enfants de