Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ses frères et sœurs pour la nourrir, et tout attendre de la facilité du régent. Quand il vit ses espérances trompées par l’évêché de Clermont, il ne put en digérer l’humiliation, et il aima mieux hasarder de ne sortir point du second ordre. Le P. Massillon, père de l’Oratoire, célèbre par ses sermons, en profita. Crosat, le cadet, paya pieusement et noblement ses bulles.

Mme la duchesse de Berry fit donner au vieux Saint-Viance, très galant homme, qui avoit été lieutenant des gardes du corps, et lieutenant général, cinquante mille livres, et deux mille livres de pension pour son gouvernement de Cognac, de douze mille livres de rente, sans obliger à résidence, et fit présent de ce gouvernement à Rion.

Mme d’Argenton, longtemps depuis que M. le duc d’Orléans l’eut quittée, avoit vécu avec le chevalier d’Oppède, jeune et bien fait, qui étoit dans les gardes du corps, et dont le nom étoit Janson, fort proche du feu cardinal de Janson. Ensuite elle pensa à accommoder ses plaisirs à sa conscience, lui fit des avantages pour un cadet qui n’avoit rien, l’obligea à quitter le service et l’épousa. Mais tous deux, par honneur, voulurent que ce fût secrètement. Elle n’en eut point d’enfants, et le perdit en ce temps-ci. Il la traitoit avec grande rudesse, et lui donna tout lieu de se consoler. L’abbé de Langlée, singulier ecclésiastique, frère de Langlée dont il a été quelquefois parlé, mourut aussi. Il n’avoit presque rien qu’une pension de six mille livres que lui donnoit Mme de Villequier, fille de sa sœur, Mme de Guiscard.

La comtesse de Soissons mourut en même temps à Paris, point vieille, et belle encore comme le jour. On n’a rien à en dire de plus que ce qui s’en trouve t. VI, p. 124. Elle fut depuis pauvre, malheureuse, errante [1]. De fois à autre M. le duc d’Orléans lui faisoit donner

  1. Voy. à la fin du tome IV, la note rectificative de M. Chantérac.