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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/189

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Naples, de l’empressement que tous les habitants témoignoient de changer de domination ; d’y accorder un pardon général, et l’abolition, non de tout impôt, mais de tous ceux que les Allemands y avoient mis, parce qu’on n’y pouvoit rien espérer de la force, mais de la seule bonne volonté des nombreux habitants ; de ne pas laisser le temps aux Impériaux de finir la guerre de Hongrie ; enfin d’envoyer au commencement du printemps une forte escadre en Italie, et une puissante armée pour y maintenir l’équilibre et protéger le duc de Parme. Mais rien n’étoit disposé pour entreprendre sur Naples, de sorte qu’Acquaviva ne voulut pas risquer beaucoup de seigneurs napolitains qui s’étoient offerts à lui d’exposer leur vie en se déclarant, et les maintint seulement dans les bonnes dispositions où ils étoient. Acquaviva ajoutoit à ses conseils au roi d’Espagne que, s’il n’étoit pas en état de secourir les princes d’Italie et qu’il voulût faire la paix avec l’empereur, il ne la pouvoit obtenir que par la France et l’Angleterre, et ne [devait] point compter sur les offices du pape, que Vienne méprisoit parfaitement.

Albéroni jugeoit, comme Acquaviva, des propositions que les Napolitains lui faisoient. Il auroit pourtant voulu que le mécontentement général se fit sentir quelquefois pour exciter le châtiment, et par conséquent aliéner encore plus les peuples. Il faisoit ses dispositions pour avoir au printemps une escadre de trente navires de guerre, vingt mille hommes de débarquement, un train d’artillerie de cent cinquante pièces de canon. Il envoya en Hollande le chef d’escadre Castañeda pour acheter sept vaisseaux équipés et armés en guerre, et à Ragotzi un François nommé Boissimieux, bien instruit de tout ce que le roi d’Espagne pouvoit et vouloit faire pour entretenir la guerre en Hongrie, et pour l’être lui-même en quel état elle étoit et quel fondement il y pouvoit faire. Il ne vouloit point de paix ; mais, comme il ne le pouvoit témoigner avec bienséance, il fit