Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avoit été donné lorsque le duc de Noailles le quitta, n’eut plus de département. Le conseil des finances n’avoit plus guère d’occupation, et le conseil de régence du samedi après dîner, l’un des deux qui étoient destinés aux affaires de finances, cessa de s’assembler, faute de matières.

Dans cette première nouveauté de faveur, Argenson en voulut profiter pour obtenir pour sa femme, sœur de Caumartin, le tabouret, à l’instar de la chancelière. On a vu comment Mme Séguier l’obtint, à quelles conditions et qu’elles sont toujours les mêmes. Depuis cet événement il n’y avoit eu qu’un seul garde des sceaux marié.

C’étoit le second chancelier Aligre, qui les eut deux ans, à la mort du chancelier Séguier, pendant lesquels il n’y eut point de chancelier, et au bout desquels il le devint lui-même [1]. Dans cet intervalle ni trace ni vestige quelconque que sa femme ait eu le tabouret, dont les preuves ne manqueroient pas dans la mémoire de main en main ni par écrit sur les registres, si elle l’avoit eu. Aligre apparemment n’osa tenter une extension si nouvelle. Il songeoit fort à être chancelier. Il avoit le pied à l’étrier pour l’être. Il aima mieux apparemment attendre qu’il le frit que de s’exposer à un refus de prétention nouvelle, ou même de mettre un nuage à ses vues si apparentes et si prochaines, par un empressement mal à propos pour ce que l’office de chancelier feroit de soi-même.

Argenson, qui se voyoit sur la tête un chancelier bien qu’exilé, plus jeune que lui de beaucoup, n’avoit pas la même espérance, et n’eut pas aussi le ménagement d’Aligre. Il voulut profiter de la facilité du régent et de son agréable et importante situation auprès de lui, dans une primeur encore toute radieuse. Il lui représenta l’entière similitude

  1. Voy. dans les notes à la fin du t. X, p. 447, la liste des chanceliers et gardes des sceaux et un extrait du Journal d’Olivier d’Ormesson pour la tenue du sceau après la mort du chancelier Séguier (1672). — Voy. aussi les notes à la fin du présent volume.