Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/348

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M. le prince de Conti, qui n’eut pas les mêmes raisons. Il augmenta ses pensions de trente mille livres pour qu’il en eût une de cent mille livres comme M. le Duc, et peu de jours après au même prince de Conti, quarante-cinq mille livres d’augmentation d’appointements du gouvernement de Poitou, qui lui en valoit trente-six mille, qui firent en tout quatre-vingt-un mille livres, et cent quatre-vingt-un mille livres avec la pension ; en sorte que ce fut en quinze jours un présent de soixante-quinze mille livres de rente. Ces débordements furent encore un fruit des bâtards. Le premier prince du sang, comme tel, n’a jamais eu plus de soixante mille livres de pension. Celles des autres princes et princesses du sang, quand ils en ont eu, n’en ont jamais approché. Les bâtards et bâtardes, gorgés de tout, laissèrent longtemps les princes du sang à sec. M. le Prince avec Mme la Princesse avoient un million huit cent mille livres de rente, en comptant son gouvernement de Bourgogne et sa charge de grand maître de France. M. son fils avoit eu les deux survivances en épousant Mme la Duchesse, et des pensions, lui et elle en bâtards, dont elle lui communiqua la profusion et à leurs enfants peu à peu. Il n’y avoit que M. le prince de Conti de prince du sang, qui n’eût que sa naissance, son mérite, sa réputation, l’amour, l’estime, et la plainte de tout le monde. Quelque dépit que le roi en eût, qui ne lui avoit jamais pardonné le voyage de Hongrie, et peut-être moins sa réputation et l’attachement public, par jalousie pour le duc du Maine qui n’eut jamais rien moins, ce contraste à la fin ne put se soutenir, et il fallut lui donner des pensions et à son fils : de là, titre envers le régent, qui leur laissa tout aller, et qui n’eut pas la force de défendre les finances de leurs infatigables assauts.

D’Antin, qui avoit perdu son fils aîné, comme on l’a vu, dans le temps de la mort de M. le Dauphin et de Mme la Dauphine, qui avoit laissé deux fils, obtint enfin pour l’aîné la survivance de son gouvernement d’Orléanois, etc.,