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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/45

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les bornes du devoir et du respect, et qui l’auroit étrangement humilié, s’il eût pu imaginer ce qui se passeroit entre son petit-fils et cette compagnie soixante-quatorze ans après sa mort, à l’occasion de la procession qu’il avoit pieusement instituée. La faute de l’année précédente auroit dû corriger ; et puisque M. le duc d’Orléans avoit eu la faiblesse de ne pas faire rentrer le parlement dans ses bornes, au moins n’en falloit-il pas volontairement subir l’usurpation monstrueuse sans aucune sorte de nécessité. Une procession n’étoit ni de son goût, ni de la vie qu’il menoit, ni par cela même de l’édification publique. Ni le feu roi, ni aucune personne royale n’y avoit jamais assisté, et [ils] s’étoient toujours contentés de celle de leur chapelle. Il n’avoit donc qu’à rire avec mépris de la folle chimère du parlement, s’il n’avoit pas la force de mieux faire, et ne plus penser d’aller à cette procession.

Le parlement venoit de refuser très sèchement d’enregistrer la création de deux charges dans les bâtiments, qui auroient été vendues quatre cent mille livres les deux, au profit du roi, sous prétexte, dirent Messieurs, que leurs gages augmenteroient les dépenses de l’État. Le même esprit de misère qui venoit de mettre Tallard dans le conseil de régence fit aller M. le duc d’Orléans à la procession ; et comme les mezzo-termine étoient de son goût, le premier président, de concert avec le duc et la duchesse du Maine, lui en suggérèrent un qui portoit tellement son excommunication sur le front, qu’il est incroyable qu’un prince d’autant d’esprit que M. le duc d’Orléans y put donner, et que, de tous ceux qui l’excitèrent à cette procession, pas un ne s’en aperçut ou ne lui fut assez attaché pour l’en avertir ; car le singulier est que je ne le sus que le matin même du 15, que la procession étoit pour l’après-dînée ; et qu’il n’y avoit plus qu’à hausser les épaules. Ce mezzo-termine, si bien imaginé pour accommoder toutes choses, fut une procuration du roi à M. le duc d’Orléans pour tenir sa place à la procession, où