Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 16.djvu/205

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avec le baron de Norwick du collège des nobles, partisan d’Espagne, et avec beaucoup d’autres amis de cette couronne. Ils prétendoient que tout ce qu’ils communiquoient de plus important et de plus secret, étoit aussitôt révélé par l’ambassadeur de France.

On pressoit vivement la conclusion de la triple alliance entre cette couronne, l’empereur et l’Angleterre. Stairs, ardent à exécuter les ordres qu’il recevoit de Londres, étoit parvenu à régler les conditions du traité au commencement du mois de juillet. S’il y restoit encore quelques difficultés de la part de l’empereur, elles devoient être aplanies par Penterrieder, son envoyé à Londres, muni des pouvoirs nécessaires pour signer au plus tôt un traité que ce prince regardoit comme avantageux pour lui et pour sa maison. L’avis de ses ministres étoit conforme au sien, et, selon eux, cette alliance étoit l’unique moyen d’assurer à leur maître la conservation des États qu’il possédoit en Italie ; ils jugeoient en même temps qu’il étoit de l’intérêt de l’empereur de s’opposer au succès des pratiques du duc de Savoie, qui n’avoit rien oublié pour engager le roi d’Espagne dans ses intérêts, et ne désespéroit pas encore d’y réussir, nonobstant la descente des Espagnols en Sicile. En effet, jusqu’alors le ministre d’Espagne à Vienne s’étoit intéressé en faveur de ce prince, et ne cessoit d’appuyer la proposition d’une alliance entré l’empereur, le roi d’Espagne et le roi de Sicile ; mais alors Sa Majesté Catholique se désistoit de cette proposition, et demandoit qu’en l’abandonnant l’empereur consentît à laisser à l’Espagne l’île de Sardaigne, offrant en échange de consentir réciproquement que Sa Majesté Impériale reprît la partie du Milanois qu’elle avoit cédée au duc de Savoie, et que le Montferrat y fût encore ajouté. Un Suisse, nommé Saint-Saphorin, homme plus intrigant qu’il n’appartient à la franchise de sa nation, employé autrefois par le roi Guillaume et toujours opposé aux intérêts de la France, étoit encore employé par le roi Georges, et même avoit gagné trop