Ce prince [Philippe V], de son côté, très éloigné d’accepter les conditions de la paix qu’on lui proposoit, se préparoit à l’exécution d’une entreprise dont, en mai 1718, l’objet étoit encore ignoré de toute l’Europe. On commençoit véritablement à soupçonner qu’elle pouvoit regarder la Sicile. Les forces espagnoles étoient grandes ; il y avoit en Sardaigne un corps de dix-sept mille hommes effectifs ; dont trois mille cinq cents hommes étoient cavalerie ou dragons, outre ce qui devoit être embarqué sur la flotte qu’on attendoit d’Espagne. Les troupes du duc de Savoie en Sicile se réduisoient à huit mille hommes, composés en partie de gens du pays mal affectionnés à leur prince, et disposés à se soulever dès que les vaisseaux d’Espagne paroîtroient à la côte. On supposoit alors qu’ils y arriveroient facilement longtemps auparavant que la flotte qu’on préparoit en Angleterre pût venir au secours du roi de Sicile.
Cette disposition prochaine de nouvelles guerres rendit l’espérance au roi Jacques. Il ne pouvoit se flatter d’aucun secours tant que l’Europe demeureroit tranquille. L’union de la France avec la Grande-Bretagne assuroit l’état de la