Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 16.djvu/57

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maison d’Hanovre. Ce prince ne voyoit donc de ressource pour lui que de la part de l’Espagne, car il étoit évident que l’empereur et le roi d’Angleterre demeureroient unis inviolablement, moins pour satisfaire à leurs engagements réciproques, foible barrière pour arrêter le roi Georges, que par la raison de leurs intérêts communs. Le roi d’Espagne étant sur le point d’attaquer l’empereur, il étoit comme impossible que l’Angleterre armant, ne prît et ne voulût prendre part à la guerre. Ainsi le roi Jacques, attendant désormais son salut de l’Espagne, s’empressa de lui rendre service autant qu’il dépendoit de son pouvoir, borné dans une sphère très limitée. Un Anglois, officier de marine, dont ce prince prétendoit connoître parfaitement le courage et la fidélité, lui proposoit d’aller par son ordre à Madrid communiquer au cardinal Albéroni un projet dont le succès presque sûr seroit également avantageux aux deux rois. Commock étoit le nom de cet officier.

Son plan étoit d’avoir des pouvoirs et du roi son maître et du roi d’Espagne, pour traiter secrètement, soit avec l’amiral Bing commandant l’escadre anglaise, soit avec d’autres officiers de cette escadre. Il promettoit de les engager à se déclarer en faveur du roi Jacques, et pour le servir, à se joindre à la flotte d’Espagne. Commock demandoit, pour assurer l’effet de sa négociation, une promesse du roi d’Espagne d’ouvrir ses ports et d’y donner retraite aux navires anglois, dont les capitaines s’y rendroient à dessein de joindre la flotte d’Espagne et de se déclarer en faveur de leur souverain légitime. Il désiroit de la part de son maître une lettre au chevalier Bing, écrite en termes obligeants, avec promesse, si Bing y déféroit, de cent mille livres sterling, et de le revêtir du titre de duc d’Albemarle. Au refus de Bing, le négociateur demandoit le pouvoir de faire les mêmes offres à l’officier qui commanderoit sous les ordres ou au défaut de l’amiral. Il vouloit de plus une lettre circulaire à tous les capitaines de l’escadre, une déclaration en