Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/139

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Catholique, écrite de sa main, que le prince de Cellamare, ambassadeur, avoit ordre de présenter au roi Très Chrétien, du 3 septembre 1718. La seconde intitulée : Copie d’une lettre circulaire du roi d’Espagne à tous les parlements de France, datée du 4 septembre 1718. La troisième intitulée : Manifeste du roi Catholique adressé aux trois états de la France, du 6 septembre 1718. La quatrième intitulée : Requête présentée au roi Catholique au nom des trois états de la France.

Il ne falloit pas être bien connoisseur pour s’apercevoir que pas une de ces quatre pièces n’étoit venue d’Espagne. On ne pouvoit les avoir trouvées dans les valises de l’abbé Portocarrero ni de son compagnon, ni dans les papiers de Cellamare qui avoient été pris les premiers à Poitiers, les autres chez l’ambassadeur même, qui, dans la plus tranquille confiance, ne se défioit de rien et se reposoit pleinement sur ses précautions, quand cet abbé et lui furent arrêtés et leurs papiers pris, et qui, dans cette entière sécurité, ne les auroit confiés à personne.

D’Espagne ils ne furent point avoués, quelque colère qui y fût allumée. Outre que le style étoit peu digne d’un grand roi, on y étoit trop instruit du gouvernement de France, de tous les siècles et de tous les temps, pour confondre nos parlements d’aujourd’hui avec ce qui très anciennement s’appeloit le parlement de France, qui étoit l’assemblée législative de la nation et à qui n’ont jamais ressemblé les états généraux du royaume, qui ne sont connus que longtemps depuis, et qui n’ont jamais eu que la voix de remontrance et quelquefois aussi consultative, mais simplement et seulement quand il a plu aux rois de les consulter, et limitée de plus à la chose qui faisoit la matière de la consultation et non davantage ; on n’a pu encore moins confondre ces anciennes et primordiales assemblées connues sous le nom de parlements de France, avec les cours de justice si modernement et si fort par degrés établies telles qu’elles sont aujourd’hui sous le nom de parlement de Paris, parlement de