Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/269

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m’empêcher pourtant de le lui reprocher. « Pourquoi ne mérite-t-elle pas mieux ? me répondit-il : tout m’est bon, pourvu que je m’en défasse. » Il n’y eut rien qui n’y parût : on lui donnoit un des plus petits princes d’Italie quant à la puissance et aux richesses, qui avoit à attendre longtemps à être souverain, et dont le père étoit connu pour être d’un caractère et d’une humeur fort difficile, comme il le leur montra bien tant qu’il vécut. Il est vrai que la reine d’Espagne ri étoit pas de meilleure maison, et que Philippe V étoit fort au-dessus de Mlle de Valois en bien des manières. Aussi on a vu ici en son lieu de quelle façon ce mariage se fit, et que le feu roi ne le pardonna pas à Mme des Ursins. Il n’est peut-être pas inutile d’expliquer ici en peu de mots ce que sont les d’Este d’aujourd’hui, et ce que sont aussi les Farnèse.

Je ne me donne pas pour être généalogiste, mais je suivrai Imhoff qui passe pour exact et savant sur les maisons allemandes, espagnoles et italiennes [1], et fort peu l’un et l’autre sur les françaises. Peut-être que si nous connoissions autant ces maisons étrangères que nous faisons celles de notre pays, cet auteur n’auroit pas pris tant de réputation ; mais ce qui regarde l’origine des Farnèse et l’étrange déchet des Este d’aujourd’hui est si moderne et si connu qu’il n’y a pas de méprise à craindre.

Imhoff donne pour tige, dont la maison d’Este est sortie, Azon, seigneur d’Este, marchis en Lombardie, c’est-à-dire général et gardien des marches ou des frontières de ces pays, qui épousa en premières noces Cunégonde, qui étoit Allemande et héritière de sa maison, (héritage difficile à entendre dans une fille en Germanie à la fin du Xe siècle où cela se passoit) ; et en secondes noces Ermengarde, fille du comte

  1. Il a déjà été question, t. III, p. 249, des Recherches historiques et généalogiques des grands d’Espagne, par Imhoff. On a encore de lui une histoire généalogique de la maison royale de Portugal, sous le titre de Stemma regium Lusitanicum (Amsterdam, 1708, in-fol.). Saint-Simon fait allusion, à la fin de sa phrase, à l’ouvrage du même auteur, intitulé Excellentium familiarum in Gallia genealogiae (Nuremberg, 1687, in-fol.)