Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/318

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s’en servit souvent depuis la mort de Louvois, et lui parloit souvent aussi dans son cabinet, où il le faisoit venir par les derrières. Il disparaissoit quelquefois, et j’entendois dire qu’on l’avoit envoyé en commission secrète. Le roi et les ministres en furent toujours contents, et ses voyages furent toujours impénétrables. Il avoit pensions et abbayes, voyoit bonne compagnie, paraissoit quelquefois à la cour, et le roi en public lui parloit souvent et avec un air de bonté : en son genre c’étoit un personnage et un honnête homme aussi.




CHAPITRE XV.


Promotion de dix cardinaux. — Leur discussion. — Spinola, Althan, Perreira. — Gesvres. — Sagesse et dignité des évêques polonois. — Bentivoglio. — Bossu, dit Alsace, et comment ; est malmené par l’empereur. — Belluga ; sa double et sainte magnanimité. — Salerne. — Mailly ; son ambition ; sa conduite. — Pourquoi les nonces de France, devenant cardinaux, n’en reçoivent plus les marques qu’en rentrant en Italie. — Tout commerce étroitement et sagement défendu aux évêques, etc., de France avec Rome, et comment enfin permis. — Haine de Mailly contre le cardinal de Noailles, et ses causes. — Sentiments de Mailly étranges sur la constitution. — Comment transféré d’Arles à Reims. — Sa conduite dans ce nouveau siège.


Le pape fit une promotion de dix cardinaux dont un réservé in petto. La France n’en eut point, parce que Bissy avoit passé sur son compte dans les derniers temps de la vie du roi, à la faveur de la constitution. Les neuf déclarés furent Gesvres, archevêque de Bourges pour la Pologne ; Mailly, archevêque de Reims, proprio motu ; Spinola, nonce à Vienne ; Bentivoglio, nonce à Paris ; Bossu, archevêque de Malines, proprio motu ; Perreira y la Cerda pour le Portugal ;