Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/406

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pour conduire la princesse de Modène jusqu’à Antibes. — Remarques sur le cérémonial, le voyage et l’accompagnement. — Fiançailles et mariage de cette princesse. — Désordre du système et de la banque de Law se manifeste et produit des suites les plus fâcheuses et infinies. — Commencements et fortune des quatre frères Pâris. — Nouveaux prisonniers à Nantes. — Vingt-six présidents ou conseillers remboursés et supprimés, choisis dans le parlement de Bretagne.


Le comte Stanhope, ministre d’État fort accrédité du roi d’Angleterre, dont il a été fait si souvent mention dans ce qui a été rapporté ci-devant d’après Torcy sur les affaires étrangères, vint de Londres conférer avec l’abbé Dubois et M. le duc d’Orléans à l’occasion de la paix où l’Espagne ne tarda pas d’accéder dès qu’Albéroni fut chassé. Cette grande démarche fut même accompagnée d’une lettre très amiable du roi d’Espagne au régent, en sorte que la bonne intelligence parut rétablie. La place de premier ministre d’Espagne ne fut point remplie. Albéroni en avoit dégoûté Leurs Majestés Catholiques, et leurs sujets exultèrent de n’en avoir plus ; mais elle fut en quelque sorte remplacée sans titre et sans puissance personnelle par un homme qui doucement en fit toutes les fonctions d’une manière plus agréable ; c’est-à-dire, qu’il fut comme le seul qui travaillât avec le roi sur toutes les matières des autres bureaux dont les secrétaires d’État lui envoyoient les affaires qui se devoient rapporter, à qui il les renvoyoit avec l’ordre du roi sur chacune. Ainsi les autres secrétaires d’État travailloient ; c’étoit à eux qu’on s’adressoit pour les affaires de leur département ; la direction et le détail leur en demeuroit ; mais ils n’alloient au roi presque que par Grimaldo, hors des occasions fort rares, et c’étoit toujours à lui à qui il en falloit dire un mot, et tâcher de l’avoir favorable, après avoir sollicité les autres secrétaires d’État, chacun selon que l’affaire le regardoit, et qu’elle étoit envoyée à Grimaldo pour en parler au roi.

Ce Grimaldo étoit un Biscayen de la plus obscure naissance et d’une figure tout à fait ridicule et comique, surtout