Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/454

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de-Lièvre, Kervasi l’aîné, et les frères Fontainepers. Noyau, qui étoit prisonnier, fut mis en liberté par l’amnistie. Rochefort, président à mortier, et La Bédoyère, procureur général, et quelques autres du même parlement de Bretagne, eurent ordre de se défaire de leurs charges, et l’arrêt de la commission du conseil à Nantes fut rendu public. Plusieurs de ces Bretons coupables, qui se sauvèrent à temps, se retirèrent par mer en Espagne, où tous eurent des emplois ou des pensions. Peu y firent quelque petite fortune qui ne les consola pas de leur pays ni du peu qu’ils y avoient quitté. Beaucoup y vécurent misérables et méprisés par la plus que médiocrité, à quoi se réduisit bientôt ce qu’on leur avoit donné. Quelques-uns revinrent en France après la mort de M. le duc d’Orléans et le changement de toutes choses, mais fort obscurément chez eux ; la plupart sont morts en terre étrangère. Telle est presque toujours l’issue des conspirations et le sort de tant de gens qui, en celle-ci, perdirent la tête ou leur état, leurs biens, leur famille, pour errer en terre étrangère, et y demander leur pain, et le recevoir bien court pour l’intérêt, les vues, l’ambition du duc et de la duchesse du Maine qui les avoient si bien ensorcelés, et qui n’en perdirent pas un cheveu de leur tête. Il fut même remarqué que, peu de jours après, le duc du Maine vit pour la première fois M. le duc d’Orléans à Saint-Cloud.

Le prince de Berghes mourut chez lui en Flandre. Il n’étoit point de l’ancienne maison de ce nom, mais des bâtards de Berghes et frère de Mlle de Montigny, cette maîtresse si longtemps aimée et publiquement par l’électeur de Bavière, qu’il fit enfin épouser au comte d’Albert, comme on l’a vu ici en son lieu. Elle avoit fait en sorte que l’électeur avoit obtenu la grandesse d’Espagne et la Toison d’Or de Philippe V, pour son frère qui étoit aussi petit et vilain qu’elle