Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/66

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les ambassadeurs protestèrent contre cette entreprise et protestèrent encore qu’aucun ambassadeur ne se présenteroit plus chez Mme la duchesse de Berry qu’ils ne fussent assurés, avec certitude, que cette entreprise ne se réitéreroit plus. Ils s’abstinrent tous de la voir, et ne s’apaisèrent qu’avec peine et au bout d’assez longtemps sur les assurances les plus fortes qu’on pût leur donner que pareille chose n’arriveroit jamais. On remarquera, en passant, que jamais reine de France n’a donné d’audience en cérémonie, sur une estrade, pas même sur un simple tapis de pied.




CHAPITRE IV.


Conversation entre M. le duc d’Orléans [et moi], sur ses subsides secrets contre l’Espagne, qui la voulut avoir enfermé seul avec moi dans sa petite loge à l’Opéra. — Conversation forte entre M. le duc d’Orléans et moi, dans son cabinet, tête à tête, sur la rupture avec l’Espagne. — Faiblesse étrange du régent, qui rompt avec l’Espagne, contre sa persuasion et sa résolution. — Launay gouverneur de la Bastille. — Projet d’Albéroni et travail de Cellamare contre le régent. — Précautions de Cellamare pour pouvoir parler clairement à Madrid, et prendre les dernières mesures. — Je suis mal instruit de la grande affaire dont je vais parler. — Cause étrange de cette ignorance. — Les dépêches de Cellamare, envoyées avec tant de précautions, arrêtées à Poitiers et apportées à l’abbé Dubois, qui, dans cette affaire surtout, en fait un pernicieux usage ; et le secret de tout enfoui. — Résultat bien reconnu des ténèbres de cette affaire. — Instruments de la conjuration pitoyables. — Cellamare arrêté ; sa conduite. — J’apprends de M. le duc d’Orléans ce qui vient d’être raconté de Cellamare, du duc et de la duchesse du Maine, et du projet vaguement. — Conseil de régence sur l’arrêt de l’ambassadeur d’Espagne, où deux de ses lettres au cardinal Albéroni sont lues. — Pompadour et Saint-Geniez mis à la Bastille. —