Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/79

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et M. le duc d’Orléans lui fut fidèle en obéissance. Lui-même, comme on le verra, n’en sut que ce qu’il plut ou ce qu’il convint à l’abbé Dubois.

Soit que l’arrivée de l’abbé Portocarrero, et le peu de jours qu’il demeura à Paris fût suspect à l’abbé Dubois et à ses émissaires, soit qu’il eût corrompu quelqu’un de principal auprès de l’ambassadeur d’Espagne, par qui il fut averti que ces jeunes gens étoient chargés d’un paquet important, soit qu’il n’y eût pas d’autre mystère que la mauvaise compagnie du banqueroutier parti avec eux, et l’attention de l’abbé Dubois à obliger les Anglois en le faisant arrêter, et qu’il eût ordonné de les arrêter tous trois, et d’enlever tous leurs papiers, de peur que le banqueroutier ne leur eût donné les siens pour ne les pas perdre s’il venoit à être pris ; quoi qu’il en soit, l’abbé Dubois fit courre après eux, et ils furent arrêtés à Poitiers, tous leurs papiers enlevés et apportés à l’abbé Dubois par le courrier qui, aussitôt après leur capture, fut dépêché de Poitiers pour lui en apporter la nouvelle. Les hasards font souvent de grandes choses. Le courrier de Poitiers entra chez l’abbé Dubois comme M. le duc d’Orléans entroit à l’Opéra. Dubois parcourut les papiers [1], et dit la nouvelle de la capture à M. le duc d’Orléans comme il sortoit de sa loge. Ce prince, qui avoit accoutumé de s’enfermer alors tout de suite avec ses roués, en usa de même ce jour-là, sous prétexte que l’abbé Dubois n’avoit

    voyageurs. La Fillon laissa les amants ensemble, et alla sur-le-champ en rendre compte à l’abbé Dubois. Aussitôt on expédia un courrier muni des ordres nécessaires pour avoir main-forte. Il joignit les voyageurs à Poitiers, les fit arrêter ; tous leurs papiers furent saisis, et rapportés à Paris le jeudi 8 décembre. Ce courrier arriva chez l’abbé Dubois précisément à l’heure où le régent entrait à l’Opéra. » Le reste du récit n’est qu’un résumé des Mémoires de Saint-Simon. Voy. aussi Lemontey, Histoire de la régence, édit. de 1832, t. I, p. 216. D’après Lemontey, un copiste nommé Buvat, que les conspirateurs avaient employé, dénonça le complot à l’abbé Dubois.

  1. Lemontey (ibid., p. 219) donne l’indication des papiers qui avaient été saisis à Poitiers.