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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/140

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port de Sète, en Languedoc, parce que la peste étoit encore en Provence. Il lit même quarantaine et le détour par Bordeaux pour venir à Paris, défrayé de tout depuis son débarquement, où il fut reçu par un gentilhomme ordinaire du roi et des interprètes de langues, qui l’accompagnèrent jusqu’à Paris. Il y arriva le 8 mars, au faubourg Saint-Antoine, où il demeura huit jours, complimenté de la part du roi, etc., comme les ambassadeurs extraordinaires des monarques de l’Europe.

Le dimanche 16 mars, le maréchal d’Estrées et Rémond, introducteur des ambassadeurs, l’allèrent prendre à une heure après midi. Dès qu’ils furent arrivés, ils montèrent à cheval avec l’ambassadeur entre eux deux. Deux carrosses du maréchal, force valets de pied, pages, gentilshommes, chevaux de main, la police avec trompettes et timbales, trois escadrons d’Orléans-Dragons, douze chevaux de main des écuries du roi, trente-six Turcs à cheval deux à deux, portant des fusils et des lances, Merlin, aide introducteur, à cheval, puis les principaux officiers de l’ambassade, quatre trompettes de la chambre du roi, six chevaux de main de l’ambassadeur, harnachés à la turque, et tout cela extrêmement magnifique ; enfin l’interprète du roi, précédant immédiatement l’ambassadeur, dont le cheval étoit harnaché à la turque. Il marchoit de front avec le maréchal et l’introducteur, environnés de leur livrée et de valets de pied turcs. L’écuyer de l’ambassadeur marchoit à cheval derrière lui, portant son sabre, et vingt martres du Colonel-général les côtoyoient à droite et à gauche ; venoient ensuite les grenadiers à cheval, le régiment Colonel-général, puis les carrosses du roi et les autres qui vont aux entrées, côtoyés par la connétablie [1]. Le régiment d’infanterie du roi, la compagnie de la Bastille, celle des fusiliers, se trouvèrent en haie jusqu’à la place

  1. Archers chargés de faire exécuter les sentences du tribunal des maréchaux de France appelé connétablie.