Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/191

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qu’elle n’en auroit eue à Florence en vivant bien avec son mari et sa belle-mère, et que le roi lui fit scrupuleusement observer toujours, parce qu’il étoit informé de sa conduite et très content de toute celle que le grand-duc avoit eue avec elle. Il lui assigna une pension telle qu’il plut au roi, voulut qu’elle fût dans un couvent hors de Paris, qu’elle ne couchât jamais à Paris et qu’elle y vint rarement, qu’elle n’allât jamais à la cour que mandée ou pour quelque devoir très nécessaire de famille, dont à chaque fois le roi décideroit, et sans y coucher, à moins que cela ne fût indispensable, au jugement du roi, et encore pour une seule nuit. Elle revint donc de la sorte, vers 1669, fort peu accueillie, confinée au couvent de Picpus, où elle vit très peu de monde. Après bien des années, elle se mit à venir souvent à Paris, chez qui elle pouvoit passer quelques heures, ou à quelques dévotions, sans crédit et avec peu ou point de considération.

Sur la fin de la vie de Monsieur, qui en avoit pitié, elle obtint la liberté de passer à Saint-Cloud le temps qu’il y était. Madame, M. [le duc] et Mme la duchesse d’Orléans lui firent toujours fort bien. Mademoiselle, sa sœur de père, la méprisa toujours parfaitement, et Mme de Guise, sa sœur de père et de mère, n’en fit jamais grand cas ; elle jouit de son rang de petite-fille de France et de tous les honneurs qui y sont attachés. Sur les fins, elle quitta Picpus pour le couvent de Saint-Mandé, et après la mort du roi, le grand-duc son mari accorda à M. le duc d’Orléans qu’elle pût loger à Paris. Elle y loua en très -simple particulière une maison à la place Royale, où elle mourut dans une grande dévotion à sa manière depuis longtemps, et, quoique avare, fort appliquée aux bonnes œuvres ; elle étoit fort polie et bonne avec tout le monde.

J’étois alors aux prises avec le cardinal Dubois sur ce qui regardoit mon ambassade, et je voyois en plein ses bonnes intentions qui n’alloient à rien moins qu’à me ruiner et me