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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/207

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Fréjus dès lors avoit saisi assez de part dans la distribution des grands bénéfices.

La constitution, la faiblesse, l’incurie de M. le duc d’Orléans, lui en avoient frayé le chemin, de sorte que pour Reims il fallut compter avec l’un et l’autre. On a vu ici ailleurs, par occasions, qui étoit Fréjus, et qu’il devoit tout au cardinal Bonzi, qui étoit frère de la mère des Castries, et qui les avoit toujours aimés et traités comme ses enfants. Fréjus en avoit été témoin, leur avoit fait sa cour, en avoit été recueilli, en avoit reçu des services importants et qui l’avoient sauvé de sa perte. Il avoit passé sa vie avec eux, souvent logé et défrayé chez eux, dans une intimité parfaite avec mêmes amis et même société à la cour. Il étoit donc bien naturel qu’il les servît en chose pour eux de tous points si désirable. Je me chargeai de M. le duc d’Orléans, ils furent surpris de trouver en cette occasion leur ami un ministre prématuré qui se montra fort peu porté à les servir. J’y trouvai aussi M. le duc d’Orléans fort peu disposé. Il n’y avoit rien à dire sur la conduite des Castries ; d’ailleurs le régent n’y étoit ni difficile ni scrupuleux. Il m’alla chercher des difficultés sur la naissance, pour une place telle que Reims, et la proximité encore du sacre du roi. J’y répondis par le collier de l’ordre de leur père, par sa charge de lieutenant général de Languedoc et de gouverneur de Montpellier, par l’alliance de Mortemart. Le débat fut souvent réitéré, et je dis à M. le duc d’Orléans que je m’étonnois fort qu’il fût plus délicat que moi pour Reims, lui qui l’étoit si peu pour ces sortes de choix ; et je tâchai de lui faire honte de tant faire le difficile pour le frère d’un homme en charge principale chez Mme la duchesse d’Orléans depuis si longtemps, dont il avoit toujours été content, qui avoit épousé sa cousine germaine, si longtemps et morte sa dame d’atours et cousine germaine, fille du frère de Mme de Montespan, dont avec tant de raison elle se faisoit honneur. J’en dis tant que je vainquis la répugnance de M. le duc d’Orléans, qui