Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/216

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dettes qu’ils auront faites ; que les habitants de la Livonie, de l’Estonie et de l’île d’Oesel jouiront de tous les privilèges qu’ils avoient sous la Suède ; que l’exercice de la religion y sera libre, mais que la grecque y sera tolérée ; que les fonds de terre y demeureront à ceux qui en prouveront la possession légitime ; que les biens confisqués pendant la guerre seront rendus à leurs propriétaires, mais sans restitution de fruits et de revenus ; que les gentilshommes et autres habitants dés provinces cédées pourront prêter serment de fidélité au czar sans que cela les empêche de servir ailleurs ; que ceux qui refuseront de le prêter auront trois ans pour vendre leurs biens en remboursant les hypothèques dont ils se trouveront chargés ; que les contributions de la Finlande cesseront du jour de la signature du traité, mais que la province fournira des vivres aux troupes du czar jusqu’à ce qu’elles soient sur la frontière, et les chevaux nécessaires pour emmener tout le canon ; que les prisonniers seront libres de demeurer au service du prince dans les États duquel ils seront détenus. Le czar promet de ne se mêler en aucune manière des affaires domestiques de la Suède (cet article déroge formellement au précédent traité d’Abo, où le czar se fit garant qu’il ne pourroit être rien changé en Suède à ce qui y fut établi pour la forme du gouvernement après la mort de Charles XII) ; que dans le règlement des différends qui pourroient arriver dans la suite, il ne sera dérogé en rien au présent traité ; enfin, que les ambassadeurs de part et d’autre et les autres ministres sous quelque nom que ce soit, ne seront plus défrayés comme ils l’étoient auparavant dans la cour où ils résideront. Le roi de Pologne fut compris dans le traité, et le czar engagé de procurer aux Suédois d’être traités en Pologne pour le commerce comme la nation la plus favorisée ; liberté au czar et au roi de Suède de nommer dans trois mois après les ratifications ceux qu’ils voudront comprendre dans cette paix.

On voit aisément que cette paix si démesurément avantageuse à la Russie fut la loi du vainqueur au vaincu, et que,