Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/254

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de son armée. Nous nous vîmes tous quatre le lendemain. Torcy sentit vivement mon procédé, et jusqu’à sa mort nous avons toujours vécu dans la plus grande intimité, comme on le peut voir par la communication qu’il me donna de ses Mémoires qu’il ne fil que bien longtemps après la mort de M. le duc d’Orléans, et dont j’ai enrichi les miens. Il me parut ne tenir point du tout aux postes, moyennant un traitement honorable.

Je mandai alors son retour au cardinal Dubois, par lequel ce seroit à lui et à M. le duc d’Orléans à voir avec Torcy ce qu’ils voudroient faire pour lui, et je m’en retirai de la sorte. Dubois, content de voir par là que Torcy consentiroit à se démettre des postes, ne se soucia point du comment, tellement que celui-ci obtint de M. le duc d’Orléans tout ce qu’il lui proposa pour s’en défaire : tout se passa de bonne grâce des deux côtés. Torcy eut quelque argent et soixante mille livres de pension sa vie durant, assignée sur le produit des postes, dont vingt mille livres pour sa femme après lui. Cela fut arrêté avant mon départ et fort bien exécuté depuis.

Peu après la déclaration des mariages, la duchesse de Ventadour et Mme de Soubise, sa petite-fille, avoient été nommées, l’une gouvernante de l’infante, l’autre en survivance, et toutes deux pour aller la prendre à la frontière et l’amener à Paris, au Louvre, où elle devoit être logée, et pou après la déclaration de mon ambassade, le prince de Rohan, son gendre, fut nommé pour aller faire l’échange des princesses sur la frontière avec celui que le roi d’Espagne y enverroit de sa part pour la même fonction. Je n’avois jamais eu de commerce avec eux, sans être mal ensemble. Toutes ces commissions espagnoles firent que nous nous visitâmes avec la politesse convenable. J’ai oublié de l’écrire plus tôt et plus en sa place.