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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/320

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par le roi dès qu’il auroit reçu le compte que j’avois l’honneur de lui en rendre. On peut juger que ce que je dis ici en deux mots se débita à Leurs Majestés Catholiques d’autre sorte, et que les grâces de l’infante, à se tenir si convenablement et si longtemps en place et à signer, ne furent pas oubliées, non plus que la beauté si surprenante de l’illumination de la place Major, la magnificence singulière du bal, et les grâces de Leurs Majestés Catholiques et du prince des Asturies, et des jeunes infants à danser, tous articles que j’étendis assez à mesure du plaisir que je voyois qu’elles y prenoient, et sur quoi la reine se mit fort à louer le roi d’Espagne., et à me faire admirer jusqu’à sa beauté, dont il ne fit que sourire. Il me demanda si je n’enverrois pas un courrier ; je répondis que l’instrument signé de leurs mains, etc., étoit trop précieux pour le confier à la voie ordinaire : il me parut qu’ils en avoient fort envie, et que ma réponse leur plut.

Je passai de là à l’office en faveur de don Patricio Laullez, dont je m’étois procuré l’ordre, et dont on a vu que j’avois parlé à Grimaldo qui en avoit prévenu Leurs Majestés. Je me mis donc, tant que je pus, sur mon bien-dire par la passion que j’avois de rendre utilement à cet ambassadeur les services que j’en avois premièrement reçus. Il me parut que le roi d’Espagne m’écouta là-dessus avec satisfaction, mais beaucoup plus la reine, qui en mêla quelques mots à mon discours en regardant le roi avec un désir très marqué d’en attirer des grâces à Laullez.

Le roi d’Espagne interrompit ce propos pour me dire, sans occasion et tout à coup qu’il désiroit que l’infante fût mise sous la conduite d’un jésuite, pour former sa conscience et lui apprendre la religion ; qu’il avoit eu toute sa vie confiance aux pères de la compagnie, et qu’il me prioit de le demander de sa part à M. le duc d’Orléans. Je répondis que j’exécuterois avec beaucoup d’exactitude et de respect le commandement qu’il me faisoit, et que je ne doutois point que