Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/351

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duché, et il préféra d’en porter le nom à celui de duc d’Estremera, que le même roi avoit érigé pour lui depuis peu. Cette maison de Silva, de si haute origine, s’est partagée en beaucoup de branches en Espagne, et jusqu’en Portugal. Ce prince d’Eboli, premier duc de Pastrane, étoit de la dernière de toutes ces branches connue sous le nom de Chamusca, dont il fut le quatrième seigneur. Il eut plusieurs enfants, dont, outre les ducs de Pastrane, sortirent aussi les ducs d’Hijar et trois autres branches. Don Roderic de Silva d’aîné en aîné mâle de ce prince d’Eboli, premier duc de Pastrane et duc de Pastrane aussi, épousa la sueur aînée du susdit Diego Gomez de Sandoval, cinquième duc de Lerme, dernier mâle de la postérité du cardinal duc de Lerme, et par elle devint duc de Lerme et de l’Infantade en 1668, dont le fils Marie-Grégoire de Silva, duc de l’Infantade, de Lerma, etc., mort en 1693, fut père du duc de l’Infantade et de Lerma, vivant lorsque j’étois en Espagne, et longues années depuis.

À l’égard de l’Infantade, c’est un État, comme ils parlent en Espagne, composé de trois villes et de plusieurs bourgs qui en dépendent, situé en Castille, qui, pour avoir été longtemps possédé par plusieurs infants, fils de rois, fut insensiblement nommé Infantao ; de ces princes cet État passa dans différentes maisons par héritage, par acquisition, par don des rois, qui le retirèrent plus d’une fois. Ce fut de cette dernière sorte qu’il tomba en 1470 entre les mains d’Henri IV, roi de Castille, qui en fit don à don Hurtado Mendoza, second marquis de Santillana, en faveur duquel il fut érigé en duché en 1475 par les rois catholiques, c’est-à-dire par Ferdinand et Isabelle.

Enfin Catherine Mendoza y Sandoval hérita de ses deux frères, l’un duc de l’Infantade, l’autre duc de Lerma, et comme on l’a vu ci-dessus, épousa don Roderic de Silva, duc de Pastrane. De ce mariage vint le père du duc de l’Infantade, de Lerma et de Pastrana, etc., vivant lorsque j’étois