Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/68

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les illustres qui en étoient. Il se trouve dans ses Mémoires des grossièretés d’ignorance sur les duchés et sur les dignités de la cour d’Espagne qui surprennent au dernier point. Il essuya la grande opération de la fistule, dont il pensa mourir, et fut taillé d’une fort grosse pierre. Il a vécu depuis sans aucune incommodité de la première, et longues années, parfaitement guéri et sans aucune suite de l’autre.

Deux ans avant sa mort, il fut taillé pour la seconde fois ; la pierre n’étoit pas grosse, à peine eut-il quelques heures de fièvre ; il fut guéri en un mois, et s’en est bien porté depuis. À la fin, le grand âge, et peut-être l’ennui de ne voir plus de cour ni de grand monde, termina sa vie par une maladie de peu de jours.

N’attendons pas le temps de la mort de l’abbé de Dangeau son frère, qui arriva le 1er janvier 1723, pour parler de lui tout de suite. Il naquit huguenot, il y persévéra plus longtemps que son frère, et je ne sais s’il y a jamais bien renoncé. Il avoit plus d’esprit que son aîné, et quoiqu’il eût assez de belles-lettres qu’il professa toute sa vie, il n’eut ni moins de fadeur ni moins de futilité que lui ; il parvint de bonne heure à être des académies. Les bagatelles de l’orthographe et de ce qu’on entend par la matière des rudiments et du Despotère [1] furent l’occupation et le travail sérieux de toute sa vie [2]. Il eut plusieurs bénéfices, vit force gens de lettres et d’autre assez bonne compagnie, honnête homme, bon et doux dans le commerce, et fort uni avec son frère. Il avoit été envoyé étant jeune en Pologne, et il avoit trouvé le moyen de se faire décorer d’un titre de camérier d’honneur par Clément X qu’il avoit connu en Pologne, non à Rome où

  1. Despotère, ou plus correctement Despautère, avait composé une grammaire latine dont on se servit longtemps dans les écoles. Le nom du grammairien sert ici à désigner la grammaire elle-même.
  2. L’abbé de Dangeau a laissé un grand nombre de manuscrits qui sont conservés à la Bib. Imp. On y trouve des renseignements curieux sur les diverses parties de l’administration à l’époque de Louis XIV.