Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/90

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en voyage, mais chasse ou promenade, s’il boit même seulement un coup, s’il veut se laver les mains, s’il prend un manteau ou un surtout, ou le quitte ; si même il change de chemise, et par conséquent se déshabille et se rhabille, le grand écuyer le sert et le premier écuyer, et celui-là ôte au sommelier du corps toutes ses fonctions, même en sa présence, et celui-ci de même aux gentilshommes de la chambre, non au sommelier, ce qui fait que le sommelier et les gentilshommes de la chambre ne sont pas curieux de suivre le roi dehors.

Parlons maintenant de la chasse, de l’Atocha et du Mail.




CHAPITRE IV.


Chasse. — L’Atoche. — Impudence monacale. — Le Mail. — Vie ordinaire de Madrid. — Recao ; ce que c’est. — Usage dans les visites. — Vie des gens employés dans les affaires. — Politesse et dignité des Espagnols. — Mesures pour la grandesse et la Toison. — Lettres de M. le duc d’Orléans au roi d’Espagne, et du cardinal Dubois à Grimaldo pour ma grandesse, d’une telle faiblesse, que Grimaldo ne voulut pas remettre au roi celle de M. le duc d’Orléans, ni lui parler de celle du cardinal Dubois.


La chasse étoit le plaisir du roi de tous les jours, et il falloit qu’il fût celui de la reine. Mais cette chasse étoit toujours la même. Leurs Majestés Catholiques me firent l’honneur, fort singulier, de m’ordonner de m’y trouver une fois, et j’y allai dans mon carrosse. Ainsi je l’ai bien vue, et qui en a vu une les a vues toutes. Les bêtes noires et rousses ne se rencontrent point dans les plaines. Il faut donc les chercher vers les montagnes, et ces pays sont trop âpres pour y courre le cerf, le sanglier et d’autres bêtes