Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il y a plusieurs jours, dimanches ou fêtes, quelquefois même des jours ouvriers de fêtes non fêtées, où il y a sur le soir un salut à l’Atoche, qui est fort fréquenté, et où le roi et la reine alloient souvent sans cérémonie par les de hors de Madrid, et sans entrer dans l’église ni dans le couvent. Il y a au dehors un médiocre corps de logis sans cour. On monte en dedans une quinzaine de marches, et on trouve trois pièces dont celle du milieu est la plus grande. Une longue tribune règne sur l’église dans laquelle on entre des deux secondes pièces. Celle du roi est séparée dans la même longueur par une cloison ; la famille royale et le service le plus indispensable s’y met ; dans l’autre toute leur suite ; ce qui est en charge médiocre demeure dans la pièce du milieu, et le bas domestique dans celle d’entrée, desquels tous va qui veut dans l’église ; en sorte que dans la tribune de la suite, il n’y entre qu’elle et le peu de seigneurs principaux courtisans, qui, les uns ou les autres y viennent faire leur cour, dont la plupart même ne sont pas dans cet usage. J’y allois presque toujours attendre Leurs Majestés un moment avant qu’elles arrivassent. Je n’y ai jamais vu qu’une douzaine, toujours les mêmes, de ceux qui n’y étoient pas obligés par leurs fonctions, et jamais plus de trois ou quatre à la fois. Les dames du palais et les señoras de honor y suivoient la reine, plusieurs, mais non pas toutes, et si la reine alloit de là au Mail, il n’en restoit qu’une dame du palais ; toutes les autres dames et la camarera-mayor s’en retournoient. Trois ou quatre dominicains, des premiers du couvent, y recevoient Leurs Majestés et les voyoient partir, qui leur disoient toujours quelque chose en s’arrêtant à eux, et à ceux qu’elles trouvoient dans ces pièces, avant d’entrer dans la tribune et en en sortant.

Je ne vis jamais moines si gros, si grands, si grossiers, si rogues. L’orgueil leur sortoit par les yeux et de toute leur contenance. La présence de Leurs Majestés ne l’affaiblissoit point, même en leur parlant ; je dis pour l’air, les manières,